Maltraitance « ordinaire » (2)
Droit des personnes malades
Claire Compagnon et Véronique Ghadi, du cabinet C. Compagnon Conseil, ont remis à la Haute autorité de santé (HAS) une étude intitulée « la maltraitance ordinaire dans les établissements de santé », réalisée à partir de témoignages d’usagers. Au-delà ou en-deçà des faits de maltraitance caractérisée, qui font l’objet d’une qualification pénale et/ou disciplinaire, expliquent les auteurs, « lorsqu’on va à la rencontre des faits, les exemples affluent sur des situations plus « banales », plus pernicieuses, celles qui sont vécues quotidiennement par les personnes : les situations de maltraitance « ordinaire ». Cette forme de maltraitance n’est pas essentiellement liée aux individus, elle a plus souvent trait au fonctionnement des organisations qui privilégient l’institution par rapport à l’intérêt et aux besoins des personnes. Le phénomène de maltraitance « ordinaire » est invisible ; il est parfois ignoré par les professionnels et intériorisé jusqu’à un certain point par les patients ». Les auteurs ajoutent : « la maltraitance, quelle qu’elle soit, puise son origine dans la dépendance de la personne maltraitée par rapport à la personne ou l’utilisation maltraitante, et dans le silence qui l’entoure. Elle n’est possible que parce que la parole des personnes est confisquée, d’où la difficulté de pouvoir la repérer, l’identifier, l’évaluer ».
L’accès à l’information, la prise en charge de la douleur, les atteintes à l’intimité et à la confidentialité, l’hygiène corporelle et les traitements dégradants, les situations à risque (réanimation, urgences, fin de vie) sont pour les auteurs des « droits traceurs de la maltraitance ordinaire ».
Haute autorité de santé. Compagnon C et Ghadi V. La maltraitance ordinaire dans les établissements de santé. Etude sur la base de témoignages. 26 janvier 2010.