Maltraitance : interdire la contention ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 mai 2014

« Qui aimerait voir son proche attaché ? Qui se verrait privé de mouvement demain ? », s’insurge Annie de Vivie, fondatrice d’Agevillage :« le poids de la culture sanitaire, sécuritaire, les personnels qui veulent pallier coûte que coûte le risque de chute, de « fugue », de blessure, la crainte des familles et d’une montée de la judiciarisation des relations soignants/soignés…, les “bonnes” raisons ne manquent pas d’imposer une contention physique, médicamenteuse et parfois passive (un fauteuil coquille renversé vers le plafond, les barrières de lit, les pyjamas enfermants). » Elle rappelle que la Haute Autorité de santé a évalué le taux de contention de 19% à 84% dans les unités de soins de longue durée. « On sait pourtant que la contention est délétère : atteinte à l’intégrité de la personne, syndrome d’immobilisation avec fonte musculaire, déclenchement de troubles du comportement, risque aggravé de chutes après la contention jusqu’au traumatisme avec décès par strangulation, incontinence, encombrement bronchique, régression psychomotrice, dénutrition, déshydratation, peur, anxiété. » Certains établissements fixent un objectif de « non-contention » dans leur projet. Les équipes se réunissent régulièrement pour analyser les pratiques et les situations complexes quand elles surgissent. « Si une prescription de contention est posée, elle doit être présentée à la personne, à ses proches et réévaluée dans les vingt-quatre heures. Sans oublier qu’une contention implique une “compensation” : plus de regards, de paroles, de touchers rassurants, d’aides à la marche quand on lève cette contrainte. Bref une contention c’est beaucoup d’effort après. Fait-elle vraiment “gagner du temps” ? » interroge Annie de Vivie. « Il faut saluer ces directions qui s’impliquent et « prennent le risque » d’affirmer un principe de non contention, de le déployer au quotidien et de l’évaluer régulièrement. Ce principe peut faire évoluer l’architecture de la structure et surtout va outiller les personnels, souvent démunis. » Pour Annie de Vivie, le “zéro soin de force sans abandon de soin” est possible. Faudra-t-il comme en Allemagne que la contention ne puisse être autorisée que par un juge pour ne plus la rencontrer fréquemment dans les services ? »

www.agevillagepro.com, 2 juin 2014.