Maltraitance financière : quelles sanctions ?
Échos d'ailleurs
Jean, un retraité vendômois de quatre-vingt quatre ans, et son amie Jeannette, âgée de soixante-et-un ans, ont été condamnés à un an de prison avec sursis pour abus de faiblesse sur Marcelle, une dame de quatre-vingts ans atteinte de la maladie d’Alzheimer. Quelques mois après le décès de son époux, Marcelle fait de Jeannette, sa voisine, la seule bénéficiaire de ses contrats d’assurance-vie. Elle modifie également son testament pour en faire sa légataire universelle. La retraitée fait d’importants retraits et signe des chèques au profit de Jean et Jeannette, qui encaissent soixante-deux mille euros. L’argent sert notamment à acheter un mobile home et une voiture. Les deux escrocs ont emmené Marcelle dans un casino de la côte normande, où elle a dépensé sans compter. « On l’a accompagnée, elle n’y était jamais allée. Elle a joué et ça lui a plu. Elle savait bien ce qu’elle faisait », ont-ils déclaré au tribunal correctionnel. L’avocat de la partie civile n’a pas demandé de réparation, mais a fustigé le comportement des prévenus qui ont confondu « altruisme et profit » et ont bien failli dépouiller Marcelle des économies de toute une vie ». Le Parquet, qui s’est appuyé sur trois avis médicaux attestant de l’état de faiblesse de la victime, a demandé un an de prison avec sursis, considérant que les prévenus avaient profité de l’aubaine et laissé faire la victime au-delà du raisonnable. La défense a plaidé la relaxe : « ce ne sont pas des profiteurs. Ils ont remplacé une famille inexistante, toujours présents dans les moments difficiles. Cette affaire est née en raison d’une querelle liée à la contestation de l’héritage ».
La Nouvelle République, 14 mai 2009.