Maltraitance financière
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Au Québec, Robert Thomas vient d’être condamné par le Tribunal des droits de la personne à verser près de 20 000 dollars (12 500 euros) à sa mère pour l’avoir exploitée. Une décision qui survient trop tard, la victime étant maintenant décédée, se désole sa fille. En 2005, Robert Thomas, père de trois enfants, a emménagé chez sa mère avec sa famille. Rapidement, la septuagénaire semble être intimidée par lui, ont noté ses autres enfants. Deux ans plus tard, elle commence à présenter des pertes de mémoire et confie à sa fille qu’elle subit de la violence à la maison. Sa fille et un autre fils ont de plus en plus de difficulté à avoir de contacts avec leur mère. « Lorsqu’ils parviennent à la voir, à la moindre question qui lui déplaît, Robert Thomas fait appel aux policiers pour que ceux-ci les escortent hors de chez lui », a résumé la juge. Robert Thomas aurait aussi fait signer à sa mère une procuration générale ainsi qu’un mandat en cas d’inaptitude. Sa sœur a alors tenté de signaler à la banque et la police la maltraitance subie par sa mère, en vain. La Commission des droits de la personne a ensuite ouvert une enquête concernant des allégations d’exploitation financière, qui révèle diverses transactions dans le compte bancaire de la mère (rénovations d’une maison en Jamaïque, achat d’essence et d’articles de toilette). Pour la juge, la victime était clairement devenue « une source de revenus pour aider Robert Thomas, alors sans emploi, à subvenir aux besoins de sa famille.» Denis Prudhomme, directeur général du réseau de personnes âgées FADOQ (ex Fédération de l’Âge d’or du Québec, qui mobilise quinze mille bénévoles), souligne que l’abus, la fraude, la maltraitance et la négligence envers les aînés sont des sujets qui semblent encore tabous pour certains : « en effet, les personnes âgées victimes d’exploitation, particulièrement de la part d’un membre de la famille, peuvent souvent se sentir honteuses face à cette situation. Certaines se sentent humiliées, d’autres ont aussi peur des représailles. Les victimes craignent d’ailleurs davantage de dénoncer si l’exploitation se vit dans un contexte familial. »
www.journaldemontreal.com, 23 janvier 2016.