Lutter contre l’oubli
Société inclusive
Dans un recueil de textes rassemblé par France Alzheimer, l’écrivain Marc Levy écrit : « Tu es ma fille, mon amour, je le sais maintenant et pour quelques secondes encore. Tant de choses à dire et si peu de temps. Je voudrais que tu ries, mon cœur, cours dire à cette femme qui se cache à la fenêtre pour pleurer ma misère qu’elle cesse, que je la reconnais parfois, dis-lui que je sais qui elle est, même si mon prénom m’échappe encore, dis-lui que je me souviens comme nous nous sommes aimés puisque je l’aime à nouveau chaque jour où elle me rend visite. Et toi, que tu ne connaisses jamais cette peur abominable qui me hante. Ne crains plus ma mémoire qui s’efface, car tant que la tienne demeure je continuerai d’être. Il faut que je te laisse, la lumière s’éteint à nouveau, je me balance déjà au bout d’un abîme, accroché à ce fil élastique qui s’étiole. Tu te lèves, je n’aurai pas eu le temps de te dire tout cela, la porte se referme sur ton sourire délicat, demain, avec un peu de chance, je saurai encore qui tu es quand tu me rendras visite. Bonne nuit mon amour, ici je dors, et j’attends.
Les Cahiers de la FNADEPA, mars 2012.