Loyauté
Société inclusive
« Au cœur de la maladie d’Alzheimer, sur le long chemin des rencontres partagées avec le malade, ses proches et les soignants, au-delà des questionnements, des inquiétudes, des conflits et de la honte parfois, il est un espace de parole et de pensée qui interroge la loyauté, ou plutôt les loyautés. Être loyal, outre le fait d’”être conforme à la loi” introduit la notion de fidélité aux engagements, d’honnêteté, de dévouement et de respect », écrit Geneviève Desmoures, psycho-gériatre, dans le Huffington Post. « La réflexion éthique nous permet de poser en d’autres termes la question de ces loyautés présentes et passées, du malade face à lui-même, au sein d’une famille et d’une histoire, sous le regard aussi des soignants et du corps social. Le malade, plus tout à fait le même et pourtant pas tout à fait un autre… » Geneviève Desmoures relate : « Samedi après-midi, Mme C. est venue avec ses sept enfants. La tension est palpable entre ceux qui savent, ceux qui ont La solution, ceux qui n’en peuvent plus et ceux qui se mettent à distance. Mme C. ne peut pas écouter l’un, désavouer l’autre, décider, se décider, faire confiance depuis qu’elle perçoit son “incapacité” et la honte de leur avoir transmis “une maladie qui fait peur”. Je lui demande de me nommer un à un ses enfants et de me parler d’eux : “Quand ils étaient petits, on allait dans les bois le dimanche, et j’avais toujours peur de les perdre, alors on avait inventé un cri de ralliement”. Silence autour de la table… Les regards qui se troublent. Et puis ce cri poussé par les sept petits devenus grands, et même pour les ainés un peu âgés à leur tour. Cri d’enfance, cri de solidarité, qui rassure de ne pas se perdre ou cri de détresse, de tant d’émotion contenue et de révolte mais aussi cri d’une loyauté retrouvée. On peut alors se parler, s’écouter, se rencontrer et envisager les possibles. »