L’orthophoniste en première ligne

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
22 novembre 2015

Pour Sophie Chomel-Guillaume, les orthophonistes sont aujourd’hui centraux dans les pathologies neurodégénératives. Dans l’arsenal non médicamenteux pour soutenir les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les orthophonistes ont un double objectif fonctionnel : renforcer les capacités restantes de la personne malade, notamment sa capacité à communiquer, et fournir des moyens de compensation pour assurer leur autonomie et le maintien à domicile. « Cela passe par exemple par la mise en place d’un agenda ou d’autres outils permettant de mieux se repérer dans le temps et dans l’espace. Une séance-type dure quarante-cinq minutes, mais on est parfois amené à l’écourter, car le travail repose sur une dynamique soutenue qui demande beaucoup d’énergie, tant au patient qu’au thérapeute. Plusieurs approches sont conjointement utilisées pour structurer les séances : un travail sur l’ensemble des fonctions cognitives avec des exercices systématisés autour du langage, de la mémoire ou de la concentration ; dans une approche écologique, des exercices en lien avec la vie quotidienne ou sur des stratégies de réminiscence. Par exemple, on évoque des souvenirs proches ou lointains avec les patients et on les aide à les organiser. C’est un travail qui souvent les rassure et les intéresse beaucoup. » Avec l’évolution de la maladie, le travail se fait généralement moins intensif, mais reste régulier et l’on passe petit à petit d’une approche technique à une approche plus écologique. « Même quand ce que l’on a pu consolider se délite, il reste ce lien privilégié qui s’est créé entre le patient et le thérapeute. Nous continuons à communiquer et c’est sur ce point que s’ancrent alors les séances. » Si l’effet bénéfique est alors difficilement quantifiable, l’entourage signale « les effets apaisants sur le comportement ou le niveau de participation du patient, ce qui nous permet de savoir que nous avons encore une utilité. » Les orthophonistes doivent travailler en pluridisciplinarité avec les autres professionnels. « Dans la pratique, tout le monde est très pris et le travail en équipe est difficile à mettre en place. Nous, les orthophonistes, sommes alors en première ligne car nous voyons les patients de manière très suivie et longue. »

Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2015.