L'orthophonie, pour ne pas avaler de travers Janvier 2010
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Zoé Vandewiele, orthophoniste à la maison de retraite de l’Orée du Mont à Halluin (Nord), suit certains résidents pour maintenir leurs capacités cognitives. Le suivi orthophonique des malades d’Alzheimer trouve sa pleine efficacité lorsqu’il est instauré dès les premiers symptômes. Dans la pratique, il n’est souvent mis en place que tardivement, quelquefois deux à trois ans après le début de la maladie. Qu’apporte l’orthophoniste ? Optimiser le langage, pour préserver le langage verbal et non-verbal, pour prévenir de l’apraxie (incapacité d’effectuer des mouvements volontaires) et de l’agnosie (trouble de la reconnaissance des objets, des personnes ou des lieux). Lorsqu’elle arrive à l’Orée du Mont, Zoé Wandewiele a toujours dans sa sacoche sa boîte de cartes sur lesquelles sont imagés des mots simples : un chat, une voiture, une brosse à dent. « Le but c’est d’obtenir des personnes malades qu’elles disent le mot, parfois à l’aide d’ébauches ou de facilitateurs. Certaines personnes seront plus réceptives si on leur décrit le mot par l’usage (ça sert à manger, on l’utilise avec un couteau). D’autres techniques stimulent la personne comme les fins de phrases automatiques (on va chercher le pain chez le… boulanger) ou le récit automatique de série (les mois, les jours). « Il faut faire attention à ne pas infantiliser le patient. Mais plutôt surexploiter ses atouts pour créer un nouveau mode de communication. En priorité pour qu’il exprime ses besoins primaires », explique Zoé. Un autre aspect majeur du suivi, c’est la déglutition. « La maladie entraîne des spasmes inappropriés, notamment laryngo-pharyngés. Ce qui augmente le risque de fausses routes : avaler de travers ». Les liquides et solides s’accumulant peuvent entraîner le développement d’une pneumopathie. « On va alors travailler sur le souffle, comme on l’a fait avec Mariette avec une paille. On incite la personne malade à avaler en baissant le plus possible le menton ». Mais aujourd’hui, Mariette ne veut pas faire d’exercices. Elle s’endort. « Depuis avril, elle a maintenu ses capacités de compréhension. En revanche elle a beaucoup perdu au niveau de l’expression », note Zoé. Un peu plus tard Mariette partagera avec les autres résidents son gâteau d’anniversaire. Elle recevra un collier et un bracelet… Sans prendre conscience que la parure honore ses soixante-douze printemps.
www.nordeclair.fr, 12 janvier 2010.