Loi sur la fin de vie : rempart ou dérive ?
Droit des personnes malades
Pour Louis Puybasset, chef de service de réanimation neurochirurgicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, « cette démarche de consensus, unique au monde sur ces sujets, a permis de faire émerger un texte équilibré » dont l’objectif est de garantir une mort apaisée à tous les Français. Avec cette loi, on ne peut plus laisser des gens souffrir en fin de vie » alors que de nombreux rapports ont dénoncé ces dernières années le “mal-mourir” en France. » Pourtant, « à mesure que le texte a pris forme, des inquiétudes ont émergé », rappelle Martine Lamoureux, de La Croix. « Tout le monde s’accorde sur l’objectif d’une fin de vie apaisée et la nécessité de garantir la meilleure prise en charge possible, quel que soit l’endroit où l’on termine sa vie – hôpital, domicile ou maison de retraite. Cependant, certains redoutent des dérives, via une interprétation extensive du droit à la sédation “profonde et continue”, qui pourrait alors devenir une “euthanasie déguisée”. C’est le cas de Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita : loin d’être un rempart, ce texte risque de constituer une étape” vers l’aide active à mourir, “car il est très ambigu. Il manque le critère de l’intention “. Il aurait fallu, selon lui, écrire en toutes lettres que l’intention de la sédation n’est pas de tuer mais seulement de soulager les souffrances. » A ces différentes critiques, Bernard Devalois, chef de service de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise), répond qu’il s’agit d’une « sédation palliative ou bientraitante car elle n’est pas responsable du décès. Sauf évidemment si les sédatifs utilisés sont volontairement très largement surdosés » regrettant au passage que les parlementaires aient renoncé à mettre en place un dispositif de contrôle a posteriori des pratiques sédatives, afin d’ « évaluer le dispositif et ses éventuelles dérives ». La Société française de soins palliatifs (SFAP) soutien le texte. Mais Jean-Pierre Bénézech, responsable de l’équipe mobile du CHU de Montpellier, se désolidarise de sa société savante : selon lui, les critères posés à la sédation en phase terminale sont beaucoup trop « flous » comme, par exemple, la notion de « pronostic vital à court terme » : « Est-ce qu’on parle de jours ou de semaines ? », interroge ce spécialiste estimant qu’avec ce texte, il sera possible d’arrêter tout type de traitement et d’endormir le patient même lorsque sa mort n’est pas imminente.
www.la-croix.com/Sciences/Ethique/La-rempart-etape-vers-euthanasie-2016-01-27-1200735564, www.lesechos.fr/politique-societe/societe/021651735654-ce-que-va-changer-la-nouvelle-loi-sur-la-fin-de-vie-1195635.php?HV56X1VRjF6KUtWH.99, 27 janvier 2016. www.lemonde.fr/societe/article/2016/01/27/fin-de-vie-ce-que-va-changer-la-nouvelle-loi-claeys-leonetti_4854266_3224.html, 27 janvier 2016.