Loi sur la fin de vie : la confusion entre douleur et souffrance
Droit des personnes malades
Fallait-il instaurer un droit à la sédation « profonde et continue » ? Pour Jean-Marie Gomas, cofondateur de la SFAP, qui dirige le centre douleur et soins palliatifs de l’hôpital Sainte-Périne de Paris, « la problématique de l’euthanasie existe depuis l’aube de l’humanité. Or l’évolution des notions de dignité, la montée de l’individualisme, l’évolution sociétale viennent questionner de nouveaux enjeux éthiques, tandis que les apparents progrès de la médecine génèrent de plus en plus de complexité et donnent l’illusion d’une toute-puissance sur le devenir du corps. Les médias et les hommes politiques, souvent peu formés à ces notions et prisonniers de leurs positions dogmatiques et épidermiques – de plus quasiment tous favorables a priori à une dépénalisation de l’euthanasie – débattent dans la confusion de ces enjeux cruciaux de société. » Pour Jean-Marie Gomas, l’une des grandes ambivalences du débat parlementaire qui vient de s’achever vient de la confusion entre douleur et souffrance. « On ne supprimera jamais le tragique de la mort. Ce texte pose problème parce qu’il cultive l’idée qu’il faudrait mourir sans rien sentir, autrement dit sans s’en rendre compte, dans une forme d’anesthésie généralisée ».
Gomas JM et Lelièvre N. Euthanasie : mais de quoi parle-t-on exactement ? Rev Gériatrie 2016 ; 40(9) : 549-559. Janvier 2016.