Loi d’adaptation de la société au vieillissement : la reconnaissance des aidants

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
20 février 2016

« Les aidants proches sont des figures de la solidarité et de l’attention à l’autre, de l’effort consenti pour ne pas abandonner une personne fragilisée, du savoir qui découle de cette proximité avec la personne vulnérable : la dimension d’engagement est créatrice de valeur éthique et sociale, là-même où la dimension de contraintes est porteuse de risques, car le choix d’aider est un choix contraint », écrivent la psychologue Frédérique Lucet, formatrice et secrétaire générale du Réseau Euro-Québec de coopération autour de Baluchon Alzheimer, et le sociologue Franck Guichet, président de la société de conseil émiCité. « C’est à cette ambigüité de soutenir leur engagement tout en réduisant les risques qu’ils encourent que la loi d’adaptation de la société au vieillissement entend répondre en ouvrant des droits pour les proches aidants. Mais l’objectif affiché du texte, de réponse aux besoins des aidants, s’inscrit-il dans la perspective d’offrir les conditions d’un véritable choix (donc avec des alternatives possibles) ou bien vise-t-il à préserver une ressource dont l’État providence n’a pas les moyens de se passer ? », s’interrogent-ils. Selon eux, « si le rôle des aidants est devenu aussi important, c’est en partie en raison de l’insuffisance des aides qui sont accordées aux aidés. Les services d’aide à domicile sont unanimes : quand la situation s’aggrave, le maintien à domicile n’est pas possible avec les seules aides accordées à la personne aidée. Les aidants viennent donc pallier les carences d’un système qui ne répond que très partiellement aux besoins en aide et en soin des personnes vulnérables qui souhaitent rester à domicile. Les pouvoirs publics peuvent témoigner de leur reconnaissance aux aidants : la dépense se chiffrerait en milliards s’il fallait les remplacer par des professionnels. Dans cette perspective, la revalorisation de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) paraît bien modeste. Si le souci de réduire les restes à charge, en particulier pour les ménages modestes, est louable, la loi ne se donne ni l’ambition de réduire les inégalités entre personnes âgées et personnes handicapées, ni les moyens d’instaurer une véritable évaluation des besoins. »

Lucet F et Guichet F. Aidants : apports et limites de la loi. Doc’domicile 2016 : 41 : 23-24. Février-avril 2016.