Livres adaptés : la stimulation cognitive par la lecture en groupe
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La lecture est l’une des dernières compétences à disparaître : elle est presque un réflexe. Elle fait appel à la mémoire procédurale, celle des savoir-faire et des habiletés motrices, qui permet d’acquérir des automatismes de manière inconsciente. Lire est une activité porteuse de sens pour certaines personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais qui peut être difficile. De nombreuses maisons de retraite mettent généralement à disposition de résidents des journaux, des magazines ou des livres rangés dans une bibliothèque. Mais seul un très petit nombre de résidents les feuillettent. Les difficultés sont la petite taille des caractères et la complexité des contenus, qui dépasse la capacité de traitement cognitif des personnes malades. Aux États-Unis, dès 1993, dans des travaux pionniers, l’équipe de Cameron Camp a mis en place des clubs de livres utilisant des livrets avec un texte simplifié, et en demandant aux participants de lire au groupe un extrait à voix haute, chacun à son tour, puis de lire des questions et d’y répondre. Au Canada, Gail Elliot a écrit une série de livres courts, largement utilisés dans les maisons de retraite dans le cadre de programmes de réhabilitation des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées (DementiAbility). Elle reconnaît que les professionnels ont besoin de recommandations claires sur la préparation des textes et l’animation des groupes. Les participants ne doivent pas être mis en situation d’échec : il est indispensable de s’assurer d’abord que les personnes sont capables de lire, et à voix haute. Au Royaume-Uni, Lynne Phair, infirmière formatrice, Sally Dando, ergothérapeute et Kara Gratton, directrice d’un groupe de 5 maisons de retraite (Milford Care), ont mis en place des clubs de lecture en s’inspirant de l’expérience canadienne et en utilisant la méthode Montessori [cette méthode, à l’origine destinée aux enfants, a été adaptée aux personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées par le neurologue américain Cameron Camp. Elle vise à épanouir au maximum les différentes sensibilités, dans un cadre adapté aux besoins psychologiques, en respectant les rythmes propres et les particularités individuelles, et en promouvant la vie sociale]. Les phrases des livres sont courtes, avec une structure simple et construites avec des tournures de phrases d’une conversation ordinaire. La police de caractères est de 34 points. Il n’y a pas d’images et les pages ne sont imprimées que d’un seul côté. Des encadrés invitent la personne malade à passer la parole à son voisin. Une séance typique implique 5 personnes malades pendant 45 minutes. La conversation initiée entre les personnes malades peut durer plus d’une heure sans perte d’attention, soulignent les auteurs.
Phair L et al. Cognitive stimulation through book clubs. J Dementia Care 2019: 27(4): 25-27.