L’importance de dire merci (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
13 juin 2015

« Le comportement de ma femme a commencé à changer environ dix ans avant nos noces d’or. Elle s’est mise à m’accuser de la tromper, elle prétendait que ma maitresse habitait au premier étage de notre maison et quand je lui disais que tout ceci était faux, elle se mettait en colère.  J’étais perplexe, je n’y comprenais rien, mais je ne voyais pas encore la maladie et sa progression. En épousant ma femme, je m’étais promis de me consacrer à son bonheur en me jurant de ne jamais me mettre en colère, a fortiori de ne jamais la frapper. Aujourd’hui, quand je la vois, je me demande : “est-ce que je la comprends suffisamment ? N’a-t-elle pas fait trop d’efforts pour moi autrefois ?” J’ai appris l’importance des compliments pour les personnes malades en suivant une formation à l’Université de la famille, organisée par le Centre national de recherche médicale pour la longévité du département d’Aichi. Depuis, je ne fais plus de reproche à ma femme : quand il lui arrive d’uriner avant d’arriver aux toilettes, je la félicite pour être parvenue à se lever seule ; de même, je lui dis « merci » quand elle parvient à retirer seule son dentier pour le nettoyer ou quand elle arrive à tenir la cuillère et à manger seule. Ainsi, j’ai commencé à comprendre comment me comporter avec elle. Par exemple, si ma femme ne peut pas rester seule durant la soirée, je fais en sorte que notre dîner soit achevé avant vingt heures. De même, pour faciliter sa digestion, je lui donne du yaourt et des bananes, qu’elle apprécie, avant que nous ne dînions, ce qui l’aide à digérer. Chaque jour, je note mes observations pour améliorer le lendemain. Depuis que ma fille a lu mes notes sur les difficultés que je rencontre avec sa mère et les moyens que je tente de mettre en œuvre pour les surmonter, elle me téléphone ou bien m’envoie un mail deux fois par jour. Le présent est fait de difficultés, d’obstacles à surmonter, de crises de délire à supporter. Mon but n’est ni de m’épuiser, ni de me désespérer.  Je souhaite simplement vivre le plus longtemps possible avec ma femme, que j’aime. Je participe deux fois par mois aux réunions du Cercle régional de la photographie, auquel j’envoie régulièrement certaines de mes photos, car j’ai besoin d’avoir un lieu où je puisse m’exprimer et échanger sur d’autres sujets. » 

Yomiuri Shinbun, 18 mai 2015.