Lieu de mémoire

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
17 décembre 2016

À Paris, au cœur du Marais, le centre Edith-Kremsdorf, de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants) a été en l’an 2000 le premier accueil de jour destiné aux personnes atteintes de troubles cognitifs. Il vient d’être modernisé. « L’esprit du Marais plane sur ce lieu », rappelle Paul Benhadira, directeur du centre. « Beaucoup d’aînés étaient attachés à l’histoire de ce lieu unique en son genre. Ils ne voulaient pas se sentir dépaysés. Nos architectes ont travaillé dur pour garder l’âme du centre tout en y apportant de la modernité. » Le centre poursuit ses ateliers phare, comme ceux consacrés à la culture yiddish, pour mieux accueillir les survivants de la Shoah, à la gymnastique douce, la prévention des chutes ou à la préparation des brioches tressées du shabbat. 

En mai 1945, lors de la libération du camp de Buchenwald, les Américains ont découvert plus d’un millier d’enfants et adolescents rescapés des différents camps d’extermination nazis. Quatre cent vingt-six ont été pris en charge par l’OSE. L’un d’entre eux était Elie Wiesel, (1928-2016) qui témoigne dans ses Mémoires : « Pauvres moniteurs et monitrices. Croient-ils pouvoir nous éduquer, nous qui avons regardé la mort en face ? Le plus jeune d’entre nous possède une somme d’expériences plus vaste que le plus âgé parmi eux. » Dans son roman L’Oublié (The Forgotten), publié en 1989, il avait évoqué le pouvoir de la mémoire et la transmission à travers la difficulté d’un père atteint de la maladie d’Alzheimer à raconter son passé tumultueux, nourrissant ainsi la mémoire de son fils à mesure que la sienne se défait. Il avait dédicacé la Charte Alzheimer, éthique et société de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (Plan Alzheimer 2008-2012) : « un homme oublie la clé de sa maison, cela arrive à tout le monde. Une femme oublie un rendez-vous, cela aussi arrive à tout le monde. Un vieillard oublie le visage de son enfant ; cela ne dure qu’un instant. Et pourtant. Ils ne se connaissent pas, mais il se peut qu’ils aient en commun un cancer terrifiant : celui de l’identité. Cela peut frapper n’importe qui. Cela arrive quand le malade ressemble à un livre : on lui arrache page après page, jusqu’au jour où il n’y en a plus. Ce qui reste c’est la couverture. Ce mal est plus qu’une maladie ; c’est une malédiction. Plus que quiconque, ses victimes, sans qu’elles le sachent peut-être, ont besoin d’amitié, d’amour, et au moins d’un peu de chaleur humaine. »

Osmose, décembre 2016. Le Monde, 3 juillet 2016. Wiesel E. L’Oublié. Paris : Seuil, 1989. ISBN : 978-2-0205-1063-9. www.babelio.com/livres/Wiesel-LOublie/82035. Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer. Charte Alzheimer, éthique et société 2011.

www.espace-ethique.org/sites/default/files/Charte%20Alzheimer%20E%CC%81thique%20et%20socie%CC%81te%CC%81.pdf.