Libre arbitre et vieillissement
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Qu’entend-on exactement par « libre arbitre » ? En latin, arbitrium est la décision, le jugement. Le libre arbitre est l’expression la plus courante de la liberté. Il suppose, en effet d’échapper à tout déterminisme pour affirmer le primat de la volonté : « je fais, je choisis ce que je veux ». Mais quel est le destin du libre arbitre au cours du vieillissement ? s’interroge le Pr Roger Gil, neurologue au centre mémoire de ressources et de recherches du CHU de Poitiers. Même en l’absence de déficit intellectuel, on peut parfois être désarmé devant l’obstination que met un sujet âgé à soutenir des choix qui mettent en péril sa sécurité. L’expression du libre arbitre du sujet reflète là, avant tout, son incapacité douloureuse à s’adapter aux changements de l’existence. Le libre arbitre du sujet se pose alors comme le refus affiché du vieillissement et le défi posé à l’entourage familial et social. Et notre société a du mal à répondre à ce conflit de valeurs. Doit-elle protéger le sujet, malgré lui, en allant jusqu’à la contrainte, ce qui est le respect du principe de bienfaisance au mépris du principe d’autonomie ? Ou doit-elle lui laisser le choix de son destin, ce qui est le respect du principe d’autonomie au mépris du principe de bienfaisance ? Quant au vieillissement pathologique, il offre au libre arbitre des impasses multiples. Exprimer sa volonté, c’est d’abord comprendre les enjeux de ses décisions.
La maladie d’Alzheimer et les démences altérant la personnalité finissent par altérer l’identité, et la volonté est aliénée. Une attitude pratique éthique implique un exercice de discernement et l’acceptation d’un compromis instable.
Neurologie Psychiatrie Gériatrie. Gil R. Libre arbitre et vieillissement. Octobre 2008.