Liberté : une valeur non négociable
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Depuis vingt ans, Nicole Poirier, fondatrice et directrice de Carpe Diem-centre de ressources Alzheimer, à Trois-Rivières (Québec), considère la personne avant de prendre en compte la maladie. « Tout simple en théorie, ce concept représente un changement radical en pratique, » explique Jean-Yves Girard, de Télé Québec. Quand elle parle des quinze hommes et femmes hébergés dans la maison Carpe Diem (un organisme communautaire à but non lucratif et non un centre d’hébergement de soins de longue durée), Nicole Poirier dit « monsieur » ou « madame », jamais « le malade » ou « la patiente », avec une exception : l’une de ces personnes est sa mère. « Nous avons la démonstration que ce qu’on fait ici, tous ensemble, est apprécié et donne des résultats. L’accompagnement ne se fait pas dans un esprit de contrôle ou sous un angle très médical. Les gens sont encouragés à participer à la vie de la maison, à marcher et à sortir dehors. Contrairement aux autres centres d’accueil, ici, nous laissons toujours une porte débarrée, sans pour autant négliger la sécurité. Il y a des risques calculés, qui sont partagés avec les familles. En vingt ans, la plus longue recherche d’un résident a duré trois heures. Mais on l’a retrouvé, sain et sauf. La liberté ? C’est une valeur non négociable. Elle s’applique dans tous les aspects de la vie quotidienne : la personne est libre de se coucher à l’heure qu’elle désire, de manger une pointe de tarte en soirée, de se lever tard. Par exemple, si elle peut encore aller aux toilettes, c’est à nous de l’accompagner et de faire les gestes appropriés si les mots ne suffisent plus à expliquer certaines choses. Ainsi, on repousse le plus possible l’usage de la culotte d’incontinence.