L’histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête, de Martin Baltscheit
Société inclusive
« Renard est rusé et futé ; il sait déjouer les pièges. Il est un maître dans l’art de visiter les basses-cours et dans la cuisson du poulet. Mais les années passant, son âge avançant, petit à petit, Renard confond les jours de la semaine, il ne sait plus où il habite, il ne reconnaît plus ses ennemis et il oublie même qui il est. Ses pertes de mémoire créent des situations burlesques et drôles. Par leur récit, on comprend que Renard est malade ». Depuis quinze ans, les romans et albums de la littérature jeunesse abordant la maladie d’Alzheimer sont de plus en plus nombreux, ce qui témoigne d’un sujet de préoccupation bien réel. L’histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête, de Martin Baltscheit, a reçu le Prix Chronos vacances 2012. Un animateur témoigne : « les enfants ont été touchés par le renard, tout de suite ; certains ont parlé de leurs grands-parents qui n’avaient plus beaucoup de mémoire, et cela leur faisait beaucoup de peine. Ce livre a été pour eux un moyen d’exprimer leur inquiétude et leur tristesse. »
Un parent commente la réaction des enfants, notamment des très jeunes : « les enfants sont moins choqués par ces atteintes de l’intelligence, les personnes malades retrouvent une forme d’esprit d’enfance qui sans doute les rapproche. » Un autre : « sensibiliser aux problèmes de perte de mémoire… on ne sait pas encore très bien ce que c’est à cinq ans, on n’apprend pas encore par cœur à l’école, on vit la mémoire sans en avoir conscience. Ce n’est que quand ils seront plus âgés qu’ils seront en mesure de comprendre ce qu’implique de perdre la mémoire, car eux ont appris à s’en servir à l’école. » Autrement dit, « les enfants plus jeunes ne sont pas encore “aliénés” par les codes sociaux de tous ordres qui régissent les relations, d’où leur tolérance et leur relative facilité à communiquer autrement avec des personnes différentes », expliquent les auteurs. Un enfant de onze ans, qui essaie d’aider son grand-père sans le mettre en situation d’échec et en banalisant ses erreurs pour ne pas lui faire de la peine, déclare : « ce qui est le plus important pour moi, c’est qu’il soit toujours vivant, la maladie ce n’est pas si grave, c’est toujours mon Papy. »
Baltscheit M. L’histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête. Paris : Rue du Monde. 4 novembre 2011. 40 p. ISBN : 978-2-35504-182-2. Dorange M et al. Les enfants et les jeunes face à la maladie d’Alzheimer : La médiation par le livre. Rev Gériatrie 2013 ; 38 : 773-777. Décembre 2013. www.revuedegeriatrie.fr.