L’héritage de Jean-Marie Léger : éthique et pratique de la psychiatrie du sujet âgé (3)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Dans un article de 2003 intitulé « Éthique et déclin cognitif. Place de la démarche éthique dans la pratique de la psychiatrie du sujet âgé », Jean-Marie Léger écrivait : « au fur et à mesure de l’avancée en âge, la fréquence des maladies croît. Toutes entraînent des répercussions sur le vécu du sujet ; parmi elles, celles qui touchent les organes des sens, le langage et les fonctions cognitives ont un effet perturbateur de l’existence beaucoup plus grand ; elles créent un handicap majeur de la communication modifiant les échanges avec l’environnement, elles engendrent une dépendance sévère et elles justifient de la part du soignant une adaptation parfois difficile à mettre en place. Les états démentiels représentant le domaine où les problèmes d’éthique se posent avec le plus d’acuité. Le patient voit disparaître progressivement les fonctions et les qualités qui permettent de définir l’espèce humaine et de la différencier des autres espèces animales ; il n’en reste pas moins une personne à part entière qui a droit à toutes les prérogatives propres à l’être humain, le maintien de sa dignité, le respect de ses valeurs ; il s’agit d’un malade à part entière, handicapé de la communication, dont l’état nécessite des soins authentiques adaptés tenant compte de l’évolution du mal et ne se limitant pas à de simples mesures d’hébergement à caractère social. Or le soignant se trouve confronté à un certain nombre de difficultés, voire d’obstacles : tendance à oublier ces malades et les problèmes qu’ils doivent résoudre, voire les rejeter, vaincre l’appréhension qui est la sienne devant la difficulté à franchir la barrière d’accès à la subjectivité de l’Autre, pour se comporter en professionnel responsable, surmonter sa culpabilité pour prendre les mesures sociales (institutionnalisation) ou juridiques (mise sous mesures de protection) qui s’imposent dans l’intérêt du sujet. Tous ces éléments imposent des échanges permanents au sein des équipes soignantes et avec les proches du dément pour élaborer des projets communs et prendre des décisions adéquates respectant la personnalité et les souhaits du bénéficiaire ; ils rendent également nécessaires l’obligation d’une formation continue et la mise en place d’une recherche des bonnes pratiques de soins adaptés à des situations bien précises ».
Trivalle C et Hazif-Thomas C. Jean-Marie Léger et NPG. Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2012 ; 12 : 197-199. Octobre 2012. Léger JM. Éthique et déclin cognitif. Place de la démarche éthique dans la pratique de la psychiatrie du sujet âgé. Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2003 ; 3(17) : 47-49.