Les yeux ouverts, de Frédéric Chaudier (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 novembre 2010

« Le réalisateur Frédéric Chaudier revient sur un épisode douloureux de son existence, la mort de son père en 2003, pour offrir au spectateur un regard humain, apaisé et empathique sur les centres de soins palliatifs. Un regard à hauteur d’hommes (et de patients) au cœur de la maison médicale Jeanne Garnier, un modèle dans l’accompagnement des malades en fin de vie (le plus grand centre de soins palliatifs d’Europe)», écrit Vincent Garnier, d’Allociné. Frédéric Chaudier explique : « Il était atteint d’une maladie neurodégénérative. C’est à cette occasion que j’ai découvert ce qu’était l’accompagnement d’un proche en fin de vie. C’était d’autant plus surprenant de connaître cette expérience avec lui que mon père et moi étions favorables à l’euthanasie. Mais nous avons écarté cette option lorsque nous nous sommes aperçus que nous avions encore quelque chose à vivre ensemble. Nous allions vivre notre relation différemment à cause de la maladie, mais cela n’entamait en rien le fond de notre relation. Nous avons vécu les derniers mois de sa vie tout à fait normalement, lui comme père, moi comme fils ». Le film ne participe pas pour autant d’un travail de deuil : « j’avais dépassé le deuil bien avant de me lancer dans la préparation des Yeux ouverts. Je suis dans l’étape d’après, celle où je témoigne de l’utilité de l’accompagnement, de la lucidité qu’il faut avoir sur cette période de la vie. Le film tend un miroir, il nous rappelle à notre propre finitude. On vit dans une société qui a tendance à oublier la mort. Au quotidien on est noyés sous un flot de messages qui brouille le sens réel de l’existence. Lorsqu’on séjourne dans ces lieux de fin de vie, on prend conscience de manière évidente de notre appartenance au groupe des humains, qui porte en lui-même sa finitude ». Il ajoute : « à travers ce film, je veux dire au spectateur qu’il est possible de songer à notre propre fin sans sombrer dans la tristesse, sans avoir envie de se pendre le soir même. C’est la grande leçon que m’ont apprise les patients et les soignants de Jeanne Garnier. J’ai appris aussi que le malade ne se réduit pas à sa maladie ».

www.allocine.fr, 3 novembre 2010.