Les « villes amies de la démence » le sont-elles réellement ? (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
22 août 2015

Comment faire pour que « les villes “amies de la démence” soient moins insipides et davantage politiques » ? s’interroge le Professeur June Andrews, infirmière et directrice du centre de développement des services pour la démence (Dementia Services Development Centre) à l’Université de Stirling (Ecosse). Intervenant à la première journée du réseau Social Sciences for Dementia, organisée par la Fondation Médéric Alzheimer le 17 septembre 2015 à Paris, June Andrews souligne : « Le concept des villes amies de la démence est devenu une énorme industrie, appuyée au Royaume-Uni par des insignes, des référentiels, des récompenses. Cette idée, importée du Japon, n’a pas de philosophie sous-jacente autre qu’une notion imprécise de ce que la cité “devrait” être. Ces programmes ont été approuvés par l’État. Il y a rarement une réponse spontanée ou authentique de la part des familles et des villes elles-mêmes. L’idée fonctionne le mieux au Royaume-Uni lorsqu’il existe une dépendance vis-à-vis des acteurs institutionnels et d’un financement à court terme. Avec une austérité accrue, ces programmes deviennent une façon de réunir les forces vives locales pour boucher les trous tant en matière de budget que de réflexion. Quand ces programmes sont bien menés, ils peuvent apporter une certaine attention à des changements de pratique, mais cette attention est de courte durée. Nous n’avons pas de preuves que les villes amies de la démence deviennent des vecteurs d’un changement politique plus actif. Que deviendront ces programmes, issus à l’origine d’une collaboration entre des collectivités territoriales et des associations soutenues par l’État ? Ils fonctionnent comme des rustines (une solution temporaire ou insatisfaisante) pour pallier la réduction des ressources de l’État ou pour combler des aspirations locales à faible échelle. Mais ces programmes pourraient-ils aussi porter l’attention sur ce dont on ne parle jamais ? Les villes amies de la démence pourraient-elles émerger comme un vecteur de changement, en rupture durable avec l’existant ? »

Fondation Médéric Alzheimer. Première journée du réseau Social Sciences for Dementia,17 septembre 2015 (vidéo mise en ligne ultérieurement).