Les vieux ne veulent pas mourir (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
08 octobre 2011

Dans « fin de vie », il y a « vie », titre Libération. Une étude menée par le Dr Véronique Fournier, directrice du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à Paris et le juriste Denis Berthiau, auprès de deux cents personnes âgées de plus de soixante-quinze ans, montre que les personnes même très âgées, même malades, veulent surtout vivre. « La préoccupation de tous ceux que nous avons rencontrés concerne le sens de la vie qui reste, et non le sens de la mort. Et 70% ne s’expriment pas vraiment sur leur mort », explique Véronique Fournier. 90% des personnes interrogées disent ne pas connaître le concept de directives anticipées, et 83% déclarent « qu’elles ne sont pas intéressées, et qu’elles ne s’en saisiront pas » : préparer leur mort « médicalement » les indiffère. Mais en parler, oui. Seules 10% des personnes interrogées souhaitent « à un moment donné, une aide active à mourir », et « voudraient que les médecins puissent délivrer la mort, en toute fin de vie, dans le cadre de leur exercice quotidien. « anticiper, oui, mais quand ? Le moment, c’est quand la vie bascule dans l’invivable… Oui, mais c’est quand ? » Ecoutons ces personnes : « mourir tout seul, je ne voudrais pas trop. J’aimerais bien donner la main à quelqu’un, mais c’est peut-être trop dur pour la personne », dit Pierre, quatre-vingt-douze ans. « La mort, les directives anticipées ? Non, je ne sais pas, je ne me rappelle pas vraiment. Je n’ai plus beaucoup de mémoire, mais là, ça va. Je ne suis pas malade pour le moment. Qui doit décider ? Je ne sais pas. Mes enfants, mais ils sont loin. Je n’ai pas fait de testament, mais je n’y pense pas », dit M.T., quatre-vingt-quatre ans. Pour Georges, quatre-vingt-sept ans, « on est utile quand on travaille. Cela fait bien longtemps que c’est fini. Là, c’est l’inutilité de ma vie. Je suis sans occupation. Je suis là pour attendre la mort. Mais cela ne dépend pas de moi, alors ? » ; Mme L, quatre-vingt-quatorze ans : « je ne sais pas si c’est une bonne idée d’écrire des choses, cela me fait un peu peur. Si j’en fais, on va me mettre dans une boîte. Moi, je fais confiance aux médecins, mais je n’en ai pas discuté avec eux ».

Libération, 11 octobre 2011.