Les transitions dans l’autonomie financière et le risque de maltraitance financière

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
03 avril 2020

La capacité financière d’une personne est son aptitude à gérer son argent et son patrimoine en cohérence avec ses propres valeurs et son propre intérêt. Les troubles de la mémoire, des fonctions exécutives et du calcul peuvent contribuer à la vulnérabilité financière de la personne malade. Les personnes au stade préclinique ou léger, qui habitent à domicile et gardent le contrôle de leurs actifs financiers, ont peu conscience de cette vulnérabilité et ne parlent pas des questions d’argent de façon formelle avec leur famille, expliquent Stacy Wood, du Scripps College à Claremont (Californie) et ses collègues. Les chercheurs ont suivi 108 personnes atteintes de troubles neurocognitifs dans 166 transitions (étapes intermédiaires transitoires dans leur état de santé, les lieux, les organisations, les pratiques et les personnes), depuis le diagnostic jusqu’à la fin de vie (Dementia Transitions Study) : 29,6 % étaient en perte d’autonomie financière. Les aidants sont capables d’identifier des signes de changement dans l’autonomie financière de la personne malade : celle-ci elle égare de l’argent, des cartes bancaires ou des factures ; elle perd de l’intérêt pour ses finances personnelles ; elle s’endette en raison de ses faibles compétences en gestion financière et en comptabilité de base. Les difficultés spécifiques de la personne malade concernent le repérage des informations dans les papiers à traiter ; la difficulté de la personne malade à signer des documents de portée juridique ; le risque de maltraitance financière. Les difficultés spécifiques de l’aidant sont les préoccupations financières de l’aidant qui s’ajoutent au poids de l’accompagnement ; la difficulté à agir par procuration ; un manque d’information sur les aides financières. Différentes stratégies sont identifiées pour surmonter ces difficultés : la personne malade peut garder un certain contrôle de ses finances et continuer à utiliser sa carte bancaire pour des retraits d’argent liquide ; des virements automatiques sont mis en place pour payer les factures ; elle peut choisir une autre personne que l’aidant pour la gestion financière ; l’aidant peut se substituer à la personne malade pour toutes les activités financières ; devenir mandataire de la personne et prendre toutes les décisions à sa place ; mettre en place un mandat de protection future par anticipation ; mettre en place une aide financière pour réduire le reste à charge. La prévention de la maltraitance financière reste à développer.

Une échelle standardisée pour la mesure de la capacité financière, utilisable par la personne malade et par son aidant, a été récemment développée par l’équipe du Pr Daniel Marson à l’Université d’Alabama à Birmingham (États-Unis). La perte de conscience par la personne malade de sa capacité financière déclinante émerge au stade du déficit cognitif léger.

Wood S et al. Transitions in financial autonomy and risk for financial elder abuse. In: Evidence-informed Approaches for Managing Dementia Transitions. Garcia L et al (coord.) pp. 87-107. 4 février 2020. Cambridge: Academic Press. 280 p. ISBN: 978-0-1281-7566-8. www.elsevier.com/books/evidence-informed-approaches-for-managing-dementia-transitions/garcia/978-0-12-817566-8. 10 février 2020. Gerstenecker A et al. Anosognosia of financial ability in mild cognitive impairment. Int J Geriatr Psychiatry 2019; 34(8): 1200-1207. Août 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30968462.