Les souvenirs, de David Foenkinos

Société inclusive

Date de rédaction :
20 août 2011

« J’étais allé le voir à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, avec l’espoir gênant que ce serait la dernière fois. L’espoir que le long calvaire prendrait fin. Je l’ai aidé à boire avec une paille. La moitié de l’eau a coulé le long de son cou et mouillé davantage encore sa blouse, mais à ce moment-là il était bien au-delà de l’inconfort. Il m’a regardé d’un air désemparé, avec sa lucidité des jours valides. C’était sûrement ça le plus violent, de le sentir conscient de son état. Chaque souffle s’annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l’aimais, mais je n’y suis pas parvenu. J’y pense encore à ces mots, et à la pudeur qui m’a retenu dans l’inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. J’ai si souvent été en retard sur les mots que j’aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l’écrit, maintenant. Je peux lui dire, là », écrit le romancier français David Foenkinos. L’éditeur propose quelques bonnes feuilles de ce nouveau roman, ainsi qu’un extrait lu par Christian Gonon, sociétaire de la Comédie française.

Foenkinos D. Les souvenirs. Paris : Gallimard. 18 août 2011. 272 p. ISBN : 9782070134595. www.gallimard.fr/rentreelitteraire/DavidFoenkinos.htm.