Les risques du métier : accidents du travail

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
20 février 2016

Les accidents du travail dans le secteur de l’hébergement médicalisé ont augmenté de 28% entre 2010 et 2014, alors que dans la majorité des secteurs, elle stagne ou diminue. Aujourd’hui, ces accidents du travail représentent plus d’un million de journées perdues en EHPAD. Le risque le plus fréquent est lié aux « manutentions manuelles » (68% des accidents du travail avec arrêt en 2014). Dans ce secteur d’activité, il s’agit essentiellement des « manutentions de personnes âgées. »Les établissements sont sous-équipés en aides techniques et les soignants insuffisamment formés. Les partenaires sociaux ont voté une recommandation précisant que la manutention d’un résident ne doit jamais se faire par une personne seule, mais avec deux soignants a minima. Pour des raisons économiques notamment, « les EHPAD ont du mal à analyser les problèmes de santé au travail et donc à s’équiper », écrit Marie-Suzel Inzé, de Géroscopie. Le deuxième risque le plus fréquent est la chute de plain-pied. En effet, dans les établissements non rénovés, les sols glissants, pentus et les passages encombrés ne sont plus adaptés aux activités actuelles. Les salariés manipulent des chariots dont le poids peut dépasser 250 kg, et parfois sur des pentes de plus de 6%. Les membres supérieurs sont donc très fragilisés. Les arrêts consécutifs aux troubles musculo-squelettiques peuvent excéder cent cinquante jours, et plus les salariés sont âgés, plus les arrêts sont longs. Philippe Bielec, ingénieur conseil à la direction des risques professionnels à la CNAMTS (Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés), indique que les contrats de prévention et les aides accordées aux entreprises de moins de deux cents salariés peuvent financer en partie toutes ces actions de prévention et l’acquisition d’aides techniques. Dans les EHPAD qui ont investi dans la santé au travail, « l’absentéisme diminue, la qualité de vie au travail augmente, ainsi que le confort des personnes âgées lors des transferts. Une démarche de santé au travail, c’est aussi un facteur d’attractivité pour un secteur qui attire peu les jeunes », souligne-t-il.

Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, février 2016.