Les professionnels aussi ont peur de la mort

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 septembre 2009

Aussi impliqués soient-ils, les professionnels peuvent avoir peur de la mort. Philippe Hédin, directeur de l’association parisienne La Vie à domicile, qui prend en charge quatre cent cinquante personnes âgées ou dépendantes, témoigne : « aujourd’hui, on a une image idéalisée de la mort à domicile. On imagine, ou l’on veut penser, que c’est un moment paisible, sans tension. Alors que la mort peut être une étape agitée, douloureuse pour le malade en fin de vie, mais aussi pour les personnes qui l’accompagnent, qu’il s’agisse de ses proches ou des professionnels qui se succèdent à son chevet. Nos aides soignants, aides à domicile et infirmières souhaitaient échapper à la toute fin de vie des malades ». L’association propose à ses deux cents salariés une formation et un groupe de parole sur le thème de la mort. Une formation de quatre jours est assurée par un intervenant du centre de ressources national de soins palliatifs François-Xavier Bagnoud, avec pour objet de renforcer le travail en équipe. Un groupe de parole trimestriel de deux heures est ouvert à tous les professionnels qui viennent de perdre un malade qu’ils suivaient. Il fonctionne durant les horaires de travail, sur la base du volontariat, et peut réunir tous les métiers, à l’exception de la direction, « afin que la parole soit totalement libre dans le groupe ». Chaque trimestre, trente personnes décèdent, et les sessions du groupe de parole comptent en moyenne douze personnes. Dominique Téqui, infirmière depuis trente ans, estime que ce groupe de parole est indispensable : « dans une ambiance bienveillante, nous apprenons à connaître des collègues qu’habituellement nous ne faisons que croiser, alors que nous allons au chevet des mêmes personnes », et que l’expérience est particulièrement profitable aux aides à domicile, « extrêmement sollicitées par la famille de la personne malade, avec qui le relationnel peut devenir difficile au moment de la fin de la vie ». « La mort est mieux vécue et les professionnels se montrent plus sereins. Il y a aujourd’hui une vraie volonté d’accompagner jusqu’à la fin », constate le directeur de l’association. Le budget du groupe de parole est de trois cents euros par trimestre, auxquels s’ajoute le temps de travail des participants. L’initiative a obtenu le soutien de la Fondation de France et de la Fondation Médéric Alzheimer.

La Gazette Santé-social, septembre 2009.