Les personnes âgées connaissent-elles les directives anticipées ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
30 novembre 2011

D’après une étude menée entre janvier 2009 et décembre 2010 par le centre d’études cliniques de l’hôpital Cochin, auprès de cent quatre-vingt-six personnes âgées en moyenne de 83.5 ans, 90% (hormis les adhérents à l’association pour le droit à mourir dans la dignité-ADMD) disent ne pas connaître le concept de directives anticipées. Après avoir reçu des explications, 83% des personnes interrogées disent qu’elles ne sont pas intéressées et qu’elles ne s’en saisiront pas. Parmi elles, 42% considèrent que ce n’est pas une mauvaise idée, mais qu’elle ne les concerne pas : elles ont quelqu’un qui pourra parler pour eux, c’est trop tôt, trop compliqué… Pour 36%, c’est une mauvaise idée : elles la considèrent comme inutile (les choses ne se présenteront pas comme prévu), dangereuse (ce serait donner un blanc-seing aux médecins pour arrêter de traiter), inappropriée (ce n’est pas à moi de dire, mais à la nature ou à Dieu). Enfin, 22% ne rentrent pas dans la discussion. Selon les auteurs, il n’y a pas de corrélation entre l’état de santé objectif, le fait de se sentir vieux ou malade et l’intérêt porté aux directives anticipées. Les personnes interrogées ne préparent pas non plus les autres aspects de leur mort (testament, obsèques) ; et si 60% se disent croyantes, elles ne sont que 30% à considérer que ceci ait une influence particulière sur ce qu’elles ont à dire quant aux conditions de leur fin de vie ou de leur mort. Que disent-elles en substance ? « Nous ne nous sentons ni vieux, ni malades. Nous voulons vivre encore, le mieux et le plus longtemps possible. Nous ne voulons vraiment pas aller en maison de retraite. Notre qualité de vie actuelle nous convient, merci de tout faire pour nous aider à la conserver ainsi. Nous avons confiance dans la médecine pour cela. Nous voulons qu’elle ne baisse pas les bras trop tôt et qu’elle continue de nous traiter au maximum de ses possibilités ». La préoccupation la plus forte concerne le sens de la vie qui reste et non le sens de la mort.70% des personnes interrogées ne s’expriment pas vraiment sur leur mort, 40% ne répondent pas à la question portant sur l’euthanasie et 40% de celles qui s’expriment sur le sujet sont contre une loi. Même les membres du groupe ADMD sont 30% à ne pas vouloir s’exprimer sur le sujet ou à ne pas souhaiter un changement de loi à cet égard. 10% de la population générale et 60% des adhérents de l’ADMD s’expriment dans le sens d’une « aide active à mourir », majoritairement demandée aux médecins. Face au peu d’intérêt pour les directives anticipées, les auteurs préconisent un entretien systématique sur le sujet avec un tiers à un moment-clé de la vie (entrée en maladie chronique, entrée en maison de retraite…) centré sur le sens de la vie.