Les maladies d’Alzheimer sont-elles des démences ?

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Date de rédaction :
16 septembre 2011

Pour Fabrice Gzil, docteur en philosophie et responsable du pôle Etudes de la Fondation Médéric Alzheimer, « déterminer si – et en quel sens- la maladie d’Alzheimer est une démence engage des choix conceptuels, scientifiques et éthiques tout à fait décisifs. Il faut, en outre, tenir compte ici des habitudes de langage et de l’histoire des notions, aussi bien dans la langue courante que dans la terminologie médicale. Pour toutes ces raisons, il n’y a sans doute pas de réponse simple et univoque à la question posée. Peut-être décidera-t-on, dans les années qui viennent, de bannir le terme « démence » de notre langage commun. Peut-être l’évolution des connaissances et des mentalités nous conduira-t-elle au contraire à conserver le terme, débarrassé de ses connotations négatives. A ce stade, l’essentiel paraît être d’en user avec prudence, en gardant à l’esprit que les mots que nous employons façonnent la réalité dans laquelle nous vivons, mais aussi qu’ils font partie de notre histoire, qu’il est donc difficile de les bannir, mais que nous pouvons – collectivement – apprendre à en faire un usage plus réfléchi et plus respectueux pour les personnes malades et leurs aidants.

Pour le Professeur Steven Sabat et ses collègues de l’Université Georgetown à Washington (Etats-Unis), l’usage involontaire (unwitting) de l’adjectif « dément » est inapproprié et fait courir le risque de définir des personnes à travers des attributs négatifs, ce qui a un impact délétère sur la personne en tant qu’être social et relationnel. L’un des auteurs est un malade jeune. L’article critique une publication (Naue et Kroll, de l’Université de Vienne) présentant la personne malade comme un « autre dément » (demented other) dès l’annonce du diagnostic. Est-elle en fait « un autre » ou simplement « une personne » ?

Gzil F. Les maladies d’Alzheimer sont-elles des démences ? Rev Prat 2011 ; 61 : 920. Septembre 2011. Sabat SR et al. The « demented other » or simply « a person ». Extending the philosophical discourse of Naue and Kroll through the situated self. Nurs Philos 2011; 12(4): 283-292. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21906232. Naue U et Kroll T. “The demented other”: identity and difference in dementia. Nurs Philos 2009 ; 10(1) : 26-33. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19154294.