Les limites de l’approche multidisciplinaire de la douleur
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Ne nous payons pas de mots ! » écrivent Gilles Berrut et Olivier Guérin : le travail en commun « se heurtera à la volonté des particularismes de chaque profession, de chaque compétence ou de chaque discipline. Le travail entre professionnels qui acquièrent une culture commune s’opposera également à certaines visions du management hospitalier qui aimerait que tout professionnel soit interchangeable afin de pouvoir considérer de manière globale et indifférenciée l’ensemble des temps de personnel disponible, cherchant à effacer ce qui pourrait s’apparenter à une culture de service, vécu alors comme un îlot de résistance. Pour dépasser ces résistances, à l’aune de la restriction de moyens, il faut que le plus grand nombre de soignants ait accès à une culture gériatrique ». « Le repérage de la douleur et sa prise en charge sont les remparts majeurs contre les dérives des mauvaises solutions. Le caractère inadapté du soin sera sanctionné par le désespoir du patient et de son entourage revendiquant, au titre de l’égalité de la dignité et de la liberté de décider un départ qui apparaît comme plus clément. Il est plus aisé d’organiser l’absence de soin sous couvert d’une légalité promue pour d’autres fins, que de modifier fondamentalement le regard des professionnels et des systèmes de protection vers le patient dans son originalité et dans son itinéraire singulier, expression vivante de sa dignité.
Berrut G et Guérin O. La douleur du sujet âgé : une expression de la singularité qui interroge nos pratiques collectives. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12(1) : 4.