Les disparus d’Alzheimer (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
10 juin 2011

A Auray (Morbihan), une manifestation a rassemblé les proches d’un homme de soixante-trois ans, souffrant d’un diabète et d’une maladie d’Alzheimer diagnostiquée il y cinq ans, qui a disparu de son domicile depuis quatre mois. Michel Hervé, informaticien en retraite, avait dit à sa femme qu’il allait faire « un petit tour » dans son quartier de Saint-Herblain (Loire-Atlantique). Un autre rassemblement aura lieu à Nantes, pour relancer l’enquête : « Nous voulons continuer à faire parler de lui. C’est très important pour que les recherches ne soient pas abandonnées », explique Amélie, sa fille. Elle et son frère ont imprimé des milliers d’affiches, créé un site Internet et une page Facebook et diffusent des messages sur le réseau social Twitter. Une disparition aussi longue sans nouvelles est exceptionnelle, s’inquiète l’association France Alzheimer du Morbihan. Il existe des bracelets électroniques, mais que les professionnels accueillent avec prudence, pour des raisons éthiques, explique le Dr Jean-Marie Vétel, gériatre et conseiller médical à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) : « le consentement du malade est souvent difficile à recueillir pour la pose de ce type d’appareil. Et même si le but est de protéger la personne, la question est de savoir s’il est légitime de lui coller, à son insu, un dispositif pour suivre ses moindres faits et gestes ».

A Paris, Concepcion Prothais, âgée de quatre-vingt-deux ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer et infatigable marcheuse, s’est noyée dans le petit étang de l’arboretum du bois de Vincennes, à 1.4 kilomètres de chez elle. Ses proches l’ont cherchée durant cinq jours. Indifférence, incompétence, manque de moyens ? Les enfants, ulcérés, estiment que la police ne leur a été d’aucun secours et envisage de porter plainte pour « éviter à d’autres » ce qu’ils ont vécu : « pour être recherché, il faut être sous tutelle ou sous curatelle. On avait signalé une disparition inquiétante, mais elle ne tombait pas dans la bonne case ». La brigade de recherche des personnes disparues (BRPD) leur a déclaré : « on n’est pas dans une série américaine. Ils reviennent toujours, ils ont de la ressource ». Interrogés par Le Monde, ni la BRDP ni la préfecture de police de Paris n’ont souhaité répondre.  

www.la-croix.com, 15 juin 2011. Le Monde, 22 juin 2011. Libération, 28 juin 2011.