Les conséquences du confinement chez les personnes atteintes de troubles cognitifs

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
15 mai 2020

Le confinement impose de vivre isolé, loin les uns des autres. Certains sont plus armés psychologiquement que d’autres pour affronter cette situation inédite et déclencher un processus de résilience. On ne peut pas vivre sans les autres, rappelle le psychiatre Boris Cyrulnik. « Les dégâts directs et collatéraux du confinement et de la distanciation sociale nécessaires sont majeurs pour les personnes concernées par la maladie d’Alzheimer ou par des troubles apparentés : risque affectif de l’isolement, négligence voire maltraitance, épuisement, angoisse d’une situation incompréhensible, fin de vie sans l’entourage des proches, culpabilité des aidants qui se sentent impuissants », écrit Baluchon Alzheimer Belgique. Comment préserver les résidents les plus désorientés, qui se retrouvent du jour au lendemain privés de leurs repères et des liens affectifs sur lesquels reposait leur existence ? s’interroge Dorothée Duchemin dans Slate. Le confinement peut avoir un impact significatif sur le bien-être des personnes âgées et notamment des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, ayant besoin de repères réguliers, souvent attachés à la présence d’un proche. Cela peut avoir des conséquences directes sur l’évolution des troubles cognitifs, explique Judith Mollard, psychologue clinicienne à France Alzheimer : être atteint d’une maladie neuro-évolutive prive progressivement le sujet de sa capacité d’agir et impose des restrictions à son autonomie, avec limitation de liberté au niveau des espaces réels et des espaces psychiques. Le confinement exigé par la situation actuelle ne fait que renforcer cet état subi par le handicap cognitif.

Annie de Vivie, fondatrice d’Agevillage, alerte : « pour ces personnes, comme pour n’importe qui, les effets du manque de liens et du manque de relations sur le cerveau humain sont terrifiants. Chez ces personnes fragiles, les réactions sont diverses : soit elles entrent en révolte pour attirer l’attention et obtenir des liens, même négatifs, soit elles se renferment. Si ces résidents fragiles sont coupés de tout lien pendant un mois et demi, cela risque d’être tragique pour eux. On ne peut pas vivre avec le sentiment de n’être qu’une charge, qu’un poids, qu’une maladie, qu’un coût. »

Actualités sociales hebdomadaires, 18 avril 2020. www.slate.fr/story/189180/coronavirus-danger-confinement-ehpad-isolement-fragilite-personnes-agees, Hospimedia, 6 avril 2020. www.agevillage.com/actualite-18660-1-Alzheimer-et-maladies-apparentees-conseils-pour-les-aidants-et-les-malades-confines.html, 6 avril 2020.