Les campagnes de recrutement pour les essais cliniques véhiculent-elles de faux espoirs ? (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 février 2014

« Maladie d’Alzheimer : la mobilisation générale », titre le Dr Nathalie Szapiro-Manoukian, dans un dossier santé du Figaro, qui peut donner l’impression, si on ne lit pas l’article de façon attentive, que les déterminants de la maladie sont connus. « Depuis des années, les chercheurs s’activent partout dans le monde et des retombées concrètes sont vite attendues. » Le Pr Bruno Dubois, chef de service des maladies cognitives et comportementales au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière de Paris, affirme : « aujourd’hui, nous savons reconnaître la maladie à un stade très précoce, grâce à une signature biologique identifiable et ce, même avant le début des premiers symptômes », avant de tempérer : » on connaît aussi très précisément la cascade biologique qui aboutit à la formation de protéines anormales dans le cerveau, mais pas les points de départ de cette cascade. » « Les facteurs de risque ou les facteurs protecteurs qui conditionnent l’évolution de la maladie, et qui expliquent qu’elle se déclare chez certains, mais pas chez d’autres, représentent un terrain intéressant à explorer. » Le Pr Dubois explique que de nouveaux médicaments, soumis à des essais cliniques, ont aujourd’hui pour objectif de bloquer ou de ralentir cette cascade biologique « aboutissant à la formation de protéines anormales » dans le cerveau. Pour le neurologue, l’objectif des recherches menées est de « trouver quels sont les facteurs qui, associés aux lésions, font que la maladie va se développer. Nous estimons en effet que ce sont ces personnes-là qui auront le plus intérêt à prendre les médicaments actuellement en développement ». Le Pr Florence Pasquier, responsable du centre mémoire de ressources et de recherche (CMMR) au CHRU de Lille, et coordonnatrice du centre national de référence pour les patients jeunes atteints de maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées (CNR-MAJ), précise : « être capable de reconnaître les premières lésions qui s’installent dans le cerveau, des décennies avant le début des premiers symptômes, est très intéressant pour la recherche, mais ne se fait pas encore en clinique. Pour établir le diagnostic, une consultation mémoire et, si besoin, d’autres examens comme une imagerie par résonance magnétique, permettent de trancher ».