Les benzodiazépines augmentent-elles le risque de maladie d’Alzheimer ? (1)
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On se souvient que le magazine Science et Avenir, relayé rapidement par l’ensemble de la presse grand public, avait été à l’origine d’une polémique en octobre 2011 sur le rôle allégué des tranquillisants dans l’augmentation du risque de maladie d’Alzheimer, qui « serait accru de 50% » et concernerait entre « seize mille et trente mille patients » Les journalistes s’appuyaient sur des résultats préliminaires, non publiés à l’époque, de l’équipe INSERM U657 du Professeur Bernard Bégaud à Bordeaux. Cette étude prospective vient d’être publiée dans le très sélectif British Medical Journal. Elle a été menée auprès de plus de mille personnes, âgées en moyenne de 78.2 ans, suivies pendant quinze ans, ne présentant aucune démence à l’inclusion et ne prenant aucune benzodiazépine jusqu’à la troisième année de suivi. La prise de benzodiazépines est associée à un risque incident de démence accru d’environ 50%. Les auteurs mettent en garde contre une « utilisation large et indiscriminée de cette classe thérapeutique », et recommandent de « limiter les prescriptions à quelques semaines », cette durée d’utilisation ne semblant pas avoir d’effets sur le risque de démence. Pour le ministère des Affaires sociales et de la Santé, « la consommation des benzodiazépines reste à un niveau très élevé en France. Les mésusages sont fréquents et les résultats de récentes études scientifiques suggèrent que les effets secondaires de ces molécules pourraient être plus importants que ceux bien connus des médecins et des patients, toutes classes d’âge confondues. Devant ce constat, la direction générale de la santé (DGS), la Haute autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’engagent dans un plan d’action concerté visant à une consommation raisonnée et à une utilisation responsable des benzodiazépines ». La HAS a lancé une campagne d’information « pour inciter à une réduction de la prescription des somnifères et à une meilleure prise en charge des troubles du sommeil chez les personnes âgées, largement concernées par le mésusage des benzodiazépines ».
Billioti de Gage S, Bégaud B et al. Benzodiazepine use and risk of dementia: prospective population based study. BMJ 2012 ; 345: e6231. 27 septembre 2012. www.bmj.com/content/345/bmj.e6231.pdf%2Bhtml (texte intégral). www.sante.gouv.fr/, 25 septembre 2012.