L’enjeu social des mobilités chez les retraités

Société inclusive

Date de rédaction :
22 septembre 2015

« L’augmentation du nombre des personnes âgées conduit à renouveler l’intérêt pour les changements de domicile des retraités en tenant compte des territoires », écrit Laurent Nowik, maître de conférences en démographie et sociologie à l’Université François-Rabelais de Tours (UMR CITERES 7324). « Certains s’avèrent d’importants lieux de départ (les très grandes villes), quand d’autres accueillent un nombre croissant de retraités. Du fait de ces migrations internes, les élus locaux sont confrontés à la problématique du vieillissement de leurs « nouveaux » habitants. Ce processus s’ajoute au papy-boom des couronnes périurbaines, qui résulte d’un vieillissement sur place de personnes ayant accédé à la propriété, interrogeant la capacité à y demeurer sans l’usage de la voiture. » Les déménagements ne sont pas seulement des mobilités choisies. « Ils peuvent se produire pour des raisons conjugales, économiques, en lien avec le statut d’occupation ou la conception du logement, et souvent suite à des événements déclencheurs, notamment les problèmes de santé et le veuvage. Chez les personnes de plus de soixante-dix ans, le déménagement peut résulter de l’attractivité du nouveau territoire, mais c’est un argument minoritaire, plutôt le fait de retraités en bonne santé détenteurs de capitaux économiques et culturels. L’installation à proximité d’un membre de la famille est plus souvent identifiable (comme en début de retraite). Mais, quand l’âge augmente, la priorité concerne surtout le rapprochement à l’égard des services. On assiste alors à des mobilités « d’ajustement » qui redéfinissent le cadre de vie des personnes en fonction de leurs situations sociales et sanitaires ; les déménagements sont de moindre distance et s’enregistrent plutôt vers le milieu urbain ; les qualités du territoire l’emportent sur celles du logement, même si les retraités en profitent généralement pour emménager dans un logement bien conçu et nécessitant peu d’entretien (en appartement plutôt qu’en maison avec étage). Après le déménagement, la meilleure accessibilité aux transports publics peut en outre améliorer la mobilité quotidienne. » Pour l’auteur, le nouvel habitat constitue un support pour continuer à vivre chez soi en complément des autres formes de soutien. Eu égard aux besoins spécifiques des personnes vieillissantes en termes de logement, il estime que les acteurs politiques n’ont pas encore évalué l’enjeu social des mobilités sur le maintien à domicile. Cette thématique est privilégiée à la CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse).

Nowik L. Les mobilités des retraités, un enjeu du vieillissement ? Recherche sur le vieillissement. La lettre d’information du GDR Longévité et vieillissements 2015 ; 5 : 1-3. Octobre 2015.