L’Ecole intergénérationnelle : des personnes démentes « mentors »
Échos d'ailleurs
Comment penser et parler autrement du vieillissement cérébral ? Daniel George, jeune professeur d’anthropologie médicale au Penn State College of Medicine (Hershey, Pennsylvanie, Etats-Unis), a mené une intervention de terrain à l’Ecole intergénérationnelle de Cleveland (Ohio, Etats-Unis), une organisation innovante au service de deux cents élèves d’un quartier défavorisé et l’une des premières écoles à avoir créé un rôle de « mentor » pour les personnes atteintes de démence. « Notre perspective sociétale pourrait être moins stressante, précise-t-il, si les personnes malades et leurs familles pouvaient se représenter la démence non pas comme une perte du soi, mais comme un changement du soi, semblable aux nombreux changements qui se produisent aux différentes étapes de la vie », écrit Daniel George. « L’identité n’est jamais complètement perdue jusqu’à la mort. Nous progresserons lorsque nous choisirons de façon plus courante des expressions évoquant l’empathie pour les changements de la personnalité plutôt que d’entretenir la crainte et la tristesse, et guider l’attention vers l’humanité toujours présente chez les personnes atteintes de démence et les moyens permettant de les inclure d’une manière porteuse de sens dans les activités de notre vie quotidienne ».
Des organisations comme l’Ecole intergénérationnelle, qui adoptent un langage différent, en parlant des personnes âgées atteintes de démence comme des « mentors » plutôt que comme des « patients » ou des « victimes », encouragent les opportunités d’agir résolument dans un contexte de proximité. A l’Ecole intergénérationnelle, il est courant de voir des personnes âgées atteintes de démence vivant dans une maison de retraite du voisinage lire des livres avec les enfants, partager la narration de leur histoire de vie, chanter des chansons, et créer ensemble des œuvres dans des ateliers de travaux manuels. La participation régulière à ces activités donne aux aînés atteints d’une perte de mémoire un rôle dans des réseaux locaux protecteurs, pouvant préserver leur statut, leurs intentions et leur qualité de vie.
Ce travail a obtenu le second prix mondial 2009 décerné conjointement par la Fondation Médéric Alzheimer et Alzheimer’s Disease International.
George DR. Lancet 2010; 376(9741):586-7. Overcoming the social death of dementia through language. 21 août 2010. Texte intégral sur www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(10)61286-X/fulltext.