L’Éclipse, de Serge Rezvani (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 juillet 2014

L’Éclipse, de Serge Rezvani a été publié pour la première fois en 2003 aux Editions Actes Sud.  « L’auteur se désespérait au fil des pages du déclin de sa relation avec sa femme et muse, victime de la maladie d’Alzheimer. Colette Roumanoff a relu ce livre aujourd’hui et note avec effroi combien le divorce entre le malade et son conjoint est grand quand il est basé sur un malentendu : l’auteur ne pense qu’à lui et pleure le déclin mémoriel de sa muse au lieu de lui tendre la main pour ralentir sa noyade », écrit Agevillage. Colette Roumanoff, metteur en scène et aidante d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, propose de relire l’ouvrage en se mettant à la place de la femme malade : « Pour elle, c’est une descente aux enfers sans corde de rappel. Et pour le lecteur ce sera un exercice d’empathie salutaire », écrit-elle sur son blog Bien vivre avec la maladie d’Alzheimer.  écrit Colette Roumanoff, qui fustige les préjugés de Serge Rezvani. « Faites juste le contraire et vous serez dans le vrai. Vous verrez que cette pathologie n’est pas cet épouvantail qu’il a contribué comme tant d’autres à construire, un épouvantail qu’il serait temps de détruire. » « Le premier préjugé à éviter est de combattre le déni de la maladie » : « en luttant contre la maladie, les gens bien intentionnés luttent contre le malade et c’est lui le vaincu, pendant que la pathologie triomphe (…) ; la seule manière de tenir en laisse la pathologie est de s’en faire une amie, de comprendre comment elle fonctionne au quotidien. Ainsi le patient aussi sera un ami. » Le deuxième préjugé de Rezvani est que la maladie empêche toute relation. « Or le patient ne vit que dans la relation, que par la relation. Il peut faire énormément de choses s’il est correctement accompagné. Hors de la relation il est perdu dans l’océan du temps. Perdu et rejeté, il n’osera plus rien extérioriser, il survivra prisonnier de la peur de la honte et de l’ennui. La maladie modifie la relation, elle oblige à l’approfondir. On ne peut plus se payer de mots : “Ah ! C’est l’amour de ma vie etc…”, il faut des actes, des actes intelligents qui prennent l’autre en compte et lui donnent la priorité. Il vaut mieux jeter l’amour passion aux orties car il ne sert plus à rien et le remplacer par l’intelligence du cœur ou par l’amitié bienveillante. »