Le travail social au risque de la normalisation : l’emprise des idéologies (1)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Evaluation, certification, bonnes pratiques : la normalisation de l’intervention sociale est dans tous les esprits, selon Michel Paquet, d’Actualités sociales hebdomadaires. « Pourtant, divisé entre gestionnaires pragmatiques et défenseurs d’une spécificité du travail social, le secteur peine à se mobiliser. « Le processus d’évaluation est resté largement assimilé à un instrument au service de la décision et de la régulation à usage des autorités », explique-t-il. « Il n’est plus question de s’attacher à la singularité de la personne aidée. Seul compte désormais l’usager, qui n’est appréhendé qu’au regard de sa conformité ou non à une offre de services », estime Jean-Yves Dartiguenave, sociologue au laboratoire d’anthropologie et de sociologie de l’Université de Rennes. Le secteur n’ayant pu se doter de normes consensuelles dans les décennies passées, leur apparition, sous la forme de l’évaluation, prend une dimension particulière compte tenu de la crainte d’une standardisation qui affecterait jusqu’à la façon de se représenter les relations humaines. Pour Dominique Pené, psychologue clinicien et docteur en sciences du langage, le travail social, pour se dégager des idéologies, « doit se référer à la clinique, qui vient sans cesse interroger le savoir et le mode d’intervention » : ceci suppose de repenser les formations, les métiers, les interventions « à partir d’un savoir ouvert et pas seulement à partir de dogmes ne supportant pas la contradiction ».
Actualités sociales hebdomadaires, 3 décembre 2010.