Le travail social au risque de la normalisation : le rôle structurant de la recherche (3)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 décembre 2010

Michel Legros, professeur à l’Ecole des hautes études de santé publique et ancien président du Conseil scientifique de l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) regrette « l’état de faible théorisation » dans lequel est resté le secteur, ce qui contribue à affaiblir les recommandations de bonne pratique : « faute de disposer de suffisamment d’éléments issus de la recherche, les rédacteurs des recommandations tendent à donner une place prépondérante, si ce n’est parfois quasi exclusive, aux produits des expériences de terrain ». La conséquence est que les textes produits par l’ANESM sont « exposés dès leur sortie à l’absence de consensus, ou pis, vécus comme une obligation décrétée d’en haut. Dans ce flou, les acteurs déploient des stratégies multiples, allant du suivi au pied de la lettre des repères méthodologiques présents dans les recommandations jusqu’au refus pur et simple de l’évaluation, en passant par toutes les gradations des modes du contournement, par exemple en créant leur propre cabinet d’audit ou en acceptant des propositions d’évaluation interne sur une journée ». « La crainte est qu’on en vienne à la démarche simplificatrice de l’accréditation qui existe dans le secteur hospitalier », redoute Michel Legros.

Actualités sociales hebdomadaires, 3 décembre 2010.