Le travail social au risque de la normalisation : le rôle structurant de la recherche (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Vincent Meyer, sociologue et membre du comité scientifique du GEPSo (Groupe national des établissements et services publics sociaux et médico-sociaux), une voie de sortie pourrait être « un travail social qui s’appuierait davantage sur la recherche et une éthique que sur des procédures toutes faites ». Cet arbitrage de la recherche pourrait permettre de dépasser des années d’un débat idéologique très tranché qui a laissé le secteur profondément divisé. Mais cet effort de recherche dans le champ de l’action sociale, essentiellement porté par quelques universités dans le cadre de masters professionnels, par la chaire de travail social du Conservatoire national des Arts et métiers (CNAM) et quelques pôles ressources, accuse un retard considérable par rapport au secteur de l’hôpital ou des soins palliatifs. La création de hautes écoles en travail social, ayant vocation à développer la recherche, pourrait ouvrir des perspectives. Cependant, certains estiment que les bases de l’évaluation sont déjà présentes dans la culture des travailleurs sociaux, qui ont recours depuis longtemps à d’autres modes d’analyse et de régulations de leurs pratiques, entre pairs (supervision, réunions d’équipe, formations internes, analyses de cas …). Dominique Fablet, professeur en sciences de l’éducation, affirme que leur rôle est prépondérant dans l’évolution de l’identité des praticiens. Pour Jean-René Loubat, consultant en organisation, la mutation de reconfiguration des organisations traditionnelles est « immense ». Par exemple, la forme de l’établissement est dépassée par la plateforme de services pour une plus grande diversification des réponses, en exigeant une concentration des opérateurs et une mutualisation des compétences. Résister ? Collaborer ? Adopter une autre posture ? Le rôle que les acteurs sociaux et médico-sociaux entendent jouer dans cette mutation est encore incertain.
Actualités sociales hebdomadaires, 3 décembre 2010.