Le sommeil et la maladie d’Alzheimer : rien ne vaut une bonne nuit (1)
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La psychiatre Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau de santé Morphée, le pneumologue Jean-Claude Meurice, chef de service au CHU de Poitiers, le Pr Damien Léger, directeur de l’Institut national du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et la neurobiologiste Joëlle Adrien, présidente de cet institut, regrette que le sommeil ne soit pas cité dans le rapport du Haut Conseil de la santé publique qui a inspiré la stratégie nationale de santé. Les spécialistes alertent : le sommeil est vital pour la réparation physique et psychique, l’équilibre et la santé de l’individu. Dormir insuffisamment, mais aussi avoir des rythmes irréguliers de sommeil, est un facteur de risque en termes de santé publique, affectant de nombreuses maladies, y compris la maladie d’Alzheimer.
L’altération fonctionnelle de l’horloge biologique durant la maladie d’Alzheimer pourrait jouer un rôle crucial dans la relation entre la pathophysiologie et le développement des troubles du sommeil, expliquent Jan van Erum, du laboratoire de neurochimie et comportement de l’Université d’Anvers (Belgique) et ses collègues.
Aux Etats-Unis, l’équipe de David Holzman, du centre des sciences du sommeil de l’Université de Stanford, montre, dans une étude préliminaire sur 17 adultes en bonne santé, que c’est la qualité du sommeil, plutôt que sa quantité, qui permet au cerveau de se protéger de la maladie d’Alzheimer, en éliminant les protéines toxiques. Une seule nuit de sommeil sans interruption accroît la concentration de protéine bêta-amyloïde dans le liquide céphalo-rachidien. Plusieurs nuits de sommeil perturbé sont associées à des concentrations plus élevées de protéine tau dans le liquide céphalo-rachidien. Cet effet est spécifique des phases de sommeil profond. En d’autres termes, rien ne vaut une bonne nuit de sommeil. Une étude coordonnée par Peter Maramaldi, professeur à l’école doctorale de travail social de l’Université Harvard (Boston, Etats-Unis), auprès de 12 083 personnes sans troubles cognitifs à l’inclusion, suivis pendant deux ans, montrent que les troubles du sommeil, la dépression et l’anxiété sont des facteurs de risques psychosociaux associés de façon indépendante à la survenue de la maladie d’Alzheimer. Ces effets sont additifs (Burke SL et al). Ces facteurs de risque sont modifiables.
www.lemonde.fr/sante/article/2017/10/08/notre-societe-neglige-de-plus-en-plus-le-sommeil-rythme-fondamental-de-l-individu_5197860_1651302.html#0LjciBWBpI4CBeIF.99, 8 octobre 2017. Van Erum J et al. Sleep and Alzheimer’s disease: A pivotal role for the suprachiasmatic nucleus. Sleep Med Rev, 28 juillet 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29102282.
www.washingtonpost.com/news/to-your-health/wp/2017/10/02/nobel-prize-in-medicine-or-physiology-awarded-to-tktk/?utm_term=.8752d6adc03a, 2 octobre 2017. Editorial. Losing Sleep Over Your Health. EBioMedicine, 19 octobre 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5652288/pdf/main.pdf (texte intégral). Ju YS et al. Slow wave sleep disruption increases cerebrospinal fluid amyloid-β levels. Brain 2017; 140(8): 2104-2111. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28899014. Burke SL et al. Psychosocial risk factors and Alzheimer’s disease: the associative effect of depression, sleep disturbance, and anxiety. Aging Ment Health, 27 octobre 2017.