Le sommeil des aidants (1)
Échos d'ailleurs
Plus de sept cent mille aidants de personnes atteintes de démence souffrent de troubles du sommeil en France. Une étude du Centre mémoire de ressources et de recherche du service hospitalo-universitaire de psychogériatrie de Limoges a été menée auprès d’un groupe témoin de quatre-vingt-six personnes âgées membres d’un club du troisième âge, et d’un groupe de quatre-vingt-dix-huit aidants de personnes atteintes de démence vivant au domicile de la personne malade. Les troubles du sommeil des aidants vulnérables, sont souvent liés aux troubles du sommeil des personnes malades. Par rapport au groupe témoin, qui se réveille 1.2 fois en moyenne par nuit, les aidants de personnes atteintes de démence se réveillent 2.3 fois par nuit. Les aidants se réveillent plus tôt le matin (6h20) que les non-aidants (7h05), et leur nuit de sommeil est raccourcie d’une heure. Les aidants sont plus souvent déprimés et ont une tension artérielle plus élevée que les non-aidants. Ils prennent davantage de médicaments, et plus souvent en automédication, que les non-aidants. Trois facteurs majeurs expliquent les troubles du sommeil chez les aidants : l’apparition d’éléments de vie qui rompent avec les habitudes du sommeil, le poids du fardeau qui les expose à la dépression et les risques pour la santé. Un traitement efficace des troubles du sommeil de l’aidant nécessite une prise en compte vigilante de ces trois facteurs. Les auteurs recommandent de recourir en première intention à des options non-pharmacologiques pour prendre en charge les troubles du sommeil chez les personnes âgées, et notamment chez les aidants de personnes atteintes de démence.
Une étude collaborative du service de médecine interne de l’hôpital universitaire de Berne (Suisse) et des services de médecine et de psychiatrie de l’Université de Californie à San Diego (La Jolla, Etats-Unis), portant sur quatre-vingt-dix-sept aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et quarante-huit personnes d’un groupe témoin, trouve une association entre un sommeil perturbé chez les aidants et une augmentation des biomarqueurs de l’athérosclérose. Cela pourrait expliquer le risque cardiovasculaire plus élevé chez les petits dormeurs et particulièrement chez les aidants de personnes atteintes de démence.
Encéphale. Thomas P et al. Troubles du sommeil chez les aidants à domicile de patients atteints de démence. Avril 2010. Gerontology. Von Känel R et al. Sleep and biomarkers of atherosclerosis in elderly Alzheimer caregivers and controls. 2010.