Le senior et l’autruche

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
18 mars 2015

« Contrats trop complexes ou risque trop faible, les Français se désintéressent pour l’instant de l’assurance dépendance », rappelle Lisa Melia, du Nouvel économiste. « Huit Français sur dix se sentent concernés par la question de la dépendance. Pourtant, ils ne sont que 12% à souscrire un contrat de prévoyance. En plus des freins psychologiques, les produits dédiés restent chers, complexes et peu médiatisés. Toutes les études démontrent cependant qu’il y a urgence : le coût du maintien à domicile ou d’un séjour en institut spécialisé dépasse très largement la retraite moyenne des Français, même en prenant en compte l’allocation personnalisée d’autonomie. Pour tenter de convaincre les adhérents, les assureurs développent donc des services, de l’accompagnement, de l’anticipation. Les seniors ne sont d’ailleurs plus les seuls visés par ces contrats : les aidants, eux aussi, représentent une cible client potentielle. Ils sont près de trois millions en France. » Trois Français sur quatre ignorent le coût réel de la dépendance, selon le baromètre OCIRP autonomie 2014. « Il s’agit d’un véritable risque de ruine », s’alarme Christophe Triquet, directeur général du site LeComparateurAssurance.com. « Le prix moyen d’une place en établissement spécialisé est de 2 900 euros mensuels, alors que la retraite moyenne des Français dépasse à peine les 1 200 euros » : l’immense majorité des quinze millions de retraités, celle qui n’est pas assez pauvre pour être complètement prise en charge par l’État, ni assez riche pour faire face à de tels coups durs, se trouve dans une position dangereuse. « On estime que, lorsqu’ils quittent la vie active, les Français disposent en moyenne d’un patrimoine de 60 000 euros », précise Tanguy Carré, directeur général de La Banque Postale Prévoyance. Si l’on prend en compte les difficultés financières croissantes que rencontrent les retraités aujourd’hui, rien n’assure qu’à quatre-vingt-trois ans, l’âge moyen d’entrée en dépendance, cette somme ne sera pas déjà entamée. Or la dépendance dure en moyenne entre 48 et 50 mois, pour un coût total de 80 000 à 120 000 euros. » Mais pour la journaliste du Nouvel économiste, « nous sommes encore nombreux à pratiquer la politique de l’autruche, puisque le risque n’est pas inéluctable. Chacun préfère espérer qu’il passera entre les gouttes, plutôt que de parier sur une dégradation de sa santé. »

www.lenouveleconomiste.fr, 2 avril 2015.