Le plaisir de manger

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 septembre 2017

« La dénutrition concerne près de 50% des résidents en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et est un problème majeur de santé publique entraînant une augmentation du niveau de dépendance, des risques de comorbidité et de mortalité et une diminution de la qualité de vie », rappellent Laure Cloarec-Blanchard, médecin gériatre référent nutrition, et Johan Girard, directeur de la stratégie organisationnelle chez Adef Résidences. Ils signent dans Silvereco une tribune libre sur la thématique du plaisir et de l’alimentation en EHPAD, sujet de controverse : « les repas rythment la journée et représentent pour la plupart le dernier plaisir quotidien. Mais peut-on véritablement parler de plaisir de la table en EHPAD chez une personne très âgée et dépendante ? Le plaisir de manger reste le même quel que soit le niveau de dépendance de la personne âgée. En revanche, la satisfaction, c’est-à-dire l’appréciation des repas, baisse avec la perte d’autonomie. Pour parler de plaisir de manger, il faudrait déjà avoir le choix ! Choix du lieu (salle à manger ou chambre), choix de la place à table, choix des horaires, choix de prendre son temps, choix des plats, de la texture, du vin, de l’eau (plate ou pétillante) … Comment concilier cette liberté de choix du résident avec des organisations de plus en plus contraintes par des budgets revus à la baisse, des horaires de moins en moins flexibles, un ratio soignants/résidents souvent insuffisant et des résidents de plus en plus dépendants ? À l’heure où les projets personnalisés, la bientraitance et l’éthique sont des sujets quotidiens en EHPAD, faisant l’objet de fréquentes formations, qu’en est-il de la personnalisation du repas ? Est-on véritablement en adéquation avec les valeurs prônées dans le monde médico-social ?