Le médico-social et le numérique

Innovation

Date de rédaction :
08 juillet 2015

« Qui aurait imaginé que des jeux vidéo viendraient soutenir la mémoire qui se fragilise ? », s’interroge Annie de Vivie, d’Agevillage. Que nous serions facilement connectés à une vingtaine d’objets sur nous (téléphones, tablettes, bracelets) ou chez nous (capteurs, domotique…) ? Que les serious games (jeux sérieux), les robots de compagnie, s’installeraient à domicile et en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), même si la recherche scientifique doit encore attester de leur impact ? Le numérique, l’informatisation des données, l’utilisation des technologies (téléphone, plateformes web…) devraient soulager un secteur en tension, avec une démographie médicale en berne et l’explosion des besoins d’aides et de soins. Pour autant, les internautes d’Agevillage témoignent régulièrement de ces nombreuses évaluations au domicile de proches âgées fragilisés : action sociale de la ville, service de l’aide personnalisée à l’autonomie (APA), services d’aides et de soin à domicile, hospitalisation à domicile (HAD)… Le tout sans grande garantie du secret professionnel au vu des informations sensibles qui s’affichent, ici dans le cahier de liaison, là directement sur le réfrigérateur ! Douze ans après la canicule, alors qu’un nouvel épisode de forte chaleur s’installe dans notre pays, des systèmes d’assistance à distance font encore souvent défaut. Remplaceraient-ils la relation humaine directe ? Je n’en suis pas sûre. Celle-ci n’est pas financée non plus. On compte beaucoup sur l’implication des professionnels et la bonne volonté des citoyens, des voisins, des aidants (primés par le Président de la République). Autre frein au développement du numérique : les systèmes ne sont pas interopérables. Le dossier de soin de l’hôpital ne parle pas avec celui du médecin traitant ni avec le système de suivi du service à domicile ou du CLIC (centre local d’information et de coordination). Chacun investit alors dans son propre système d’information. Et quid du secret professionnel (abordé plus haut) ou du risque liés aux big data [valorisation des données de masse] : qui héberge ces données ? comment sont-elles protégées ? à qui pourraient-elles servir ? Sans parler du coût de ces technologies, de leur maintenance, de leur hébergement sécurisé et surtout de la formation des utilisateurs. Qui investira dans le matériel, les logiciels, leur mise à jour et dans la formation des utilisateurs ? On le voit, les freins sont nombreux, des obstacles économiques, éthiques, de formation des acteurs du médico-social sont à lever. Mais il semble évident que ce secteur ne pourra plus se passer des technologies et du numérique. »

www.agevillagepro.com, 29 juin 2015.