Le malade identifié à sa maladie

Société inclusive

Date de rédaction :
11 septembre 2013

« Le malade est souvent identifié à sa maladie dont les représentations sociales font si peur, que la fille d’une de mes patientes disait fièrement à une autre fille de parent Alzheimer éplorée dans la salle d’attente : “Vous c’est Alzheimer ? Ah non, moi c’est pas Alzheimer, heureusement, c’est une démence sénile…!” », relate la psychiatre Véronique Lefebvre des Noëttes, dans le Huffington Post. « C’est sa maladie que l’on traite, elle qui est reconnue socialement. Le patient est réduit au symptôme de ce qui le fragilise, l’envahit et le transforme en silence. Or, ce malade nous ressemble et fait partie de l’humanité, parce que la vulnérabilité de l’autre nous renvoie à notre propre vulnérabilité, à la potentialité que nous avons aussi d’être diminué, fragilisé et de mourir. En réaction à ce rejet, la posture « aimante » (agapè) [l’amour supposé universel, la bienveillance sans contrepartie]) cherche à reconstruire, à ravauder des lambeaux d’identité. Elle témoigne que l’absence de guérison n’empêche pas l’accompagnement de la restauration d’un pouvoir-faire et, plus encore, d’un pouvoir-être. Ce n’est pas parce que le sujet malade d’Alzheimer est inguérissable que sa vie est désormais vide d’espérance et, à la violence du stigmatisme, elle engage une lutte pour la reconnaissance de la permanence d’une identité personnelle du sujet malade d’Alzheimer. »