Le maintien à domicile est-il la clé pour réduire les dépenses de la dépendance ?
Droit des personnes malades
C’est en tout cas une tendance forte, explique Caroline Berchet, analyste des politiques de santé à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Le maintien à domicile est moins coûteux que la prise en charge en établissement pour des niveaux de dépendance légère et moyenne, car il suppose souvent l’implication des proches et de la famille. La France figure parmi les pays de l’OCDE où la proportion d’aidants informels – famille et amis – est la plus forte. En 2013, 16.5 % des personnes âgées de plus de cinquante ans accompagnaient un proche, contre 11.4 % en Suède. Or, assumer ce rôle a des répercussions sur la vie sociale, la santé et l’activité professionnelle. Quelles sont les bonnes pratiques pour épauler les aidants ? « Dans la majorité des pays de l’OCDE, la loi accorde un droit à congé pour soutien familial. La rémunération de ces congés n’est pas systématique ou est plafonnée, à l’exception de la Belgique, qui propose un congé de douze mois rémunéré. Des pays tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni, favorisent un aménagement temporaire du temps de travail. D’autres apportent un soutien financier aux aidants. Des allocations existent ainsi dans les pays nordiques, au Royaume-Uni… En France et en Allemagne, les prestations versées aux personnes dépendantes peuvent permettre de rémunérer l’aidant. Enfin, la plupart développent des centres de soins-relais pour accueillir les personnes dépendantes et offrir un répit aux aidants familiaux. La Suède et les Pays-Bas sont en avance dans ce domaine, alors qu’il existe une pénurie de ces structures en Suisse et en France. » Pour le journaliste Frédéric Cazenave, du Monde, cette absence de solidarité familiale peut paraître contradictoire, puisque sans les aidants familiaux, le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie devient impossible. À ce titre, les entreprises doivent elles aussi s’impliquer, au vu du nombre croissant de salariés accompagnant un proche dépendant. « La moitié des aidants étant en activité, les entreprises, les partenaires sociaux doivent s’emparer de cette question. Ce sujet doit être davantage porté par les syndicats », souligne Laurence Rossignol.