« Le jeu qui vous met dans la peau d’un malade d’Alzheimer »
Innovation
Forget me not (ne m’oublie pas) est un jeu vidéo qui a pour ambition de mettre les joueurs à la place de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Quelle peut être la démarche de ses créateurs ? Peut-on parler d’une ambition positive ? s’interroge le journal Internet Atlantico, dont l’ambition éditoriale est de « raconter le monde tel qu’il est, pas tel qu’on voudrait qu’il soit ». Pour Philippe Hédin, directeur de La vie à domicile, une association d’aide aux personnes dépendantes, le jeu « a tendance à aborder la maladie sur un mode catastrophique, il contribue à amplifier le sentiment de peur qui est souvent rattaché à Alzheimer. Ce type de démarche peut partir d’une bonne intention mais ici, c’est très maladroit. Il est important de familiariser les individus à ce que peut être cette maladie, essayer de maintenir une image positive des relations que l’on peut entretenir avec les malades. Il est important de les présenter sous un bon angle, de montrer que l’on peut encore communiquer, faire des choses et avoir du plaisir avec une personne atteinte de cette maladie. Il ne faut pas réduire un malade uniquement à sa maladie. » Pour Philippe Hédin, « on ne peut pas savoir ce que ressent quelqu’un atteint de la maladie d’Alzheimer, on sait seulement qu’il souffre lorsqu’il est en difficulté. Lorsqu’il n’est plus en difficulté, dans une relation positive, il se sent immédiatement mieux. Mettre cette personne en échec, c’est appuyer sur les mauvais côtés de la maladie, sur tout ce que la maladie peut amener de négatif chez le patient. Alors qu’appuyer sur le positif permet de rendre la relation avec lui plus positive. Il faut aussi mettre en lumière l’importance de l’entourage qui est lui-même mis en difficulté. » Philippe Hédin ne croit pas que ce jeu « conduise à une meilleure intégration et à plus de tolérance envers les personnes malades. » En ce qui concerne les joueurs, le jeu fait peur à cause de son ambiance anxiogène. « Or, cette maladie fait déjà peur, cela ne peut donc rien augurer de bon. Il vaut mieux montrer que vivre avec cette maladie est possible et que la vie d’un malade n’est pas construite que de mauvais moments. »
www.atlantico.fr/decryptage/jeu-qui-mettait-dans-peau-malade-alzheimer-et-qu-oublie-dire-philippe-hedin-2145968.html, 2 juin 2015. https://youtu.be/V-GrreYL-Ng, 11 mai 2015 (extrait vidéo).