Le droit de laisser mourir Novembre 2010

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 novembre 2010

Pour Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République, « la loi Leonetti de 2005 donne un cadre réglementaire au fait de laisser mourir un patient en fin de vie. Son contenu reste encore relativement méconnu des familles et des soignants, et des actions sont menées pour mieux l’appréhender ». Mais cette loi ne résout pas pour autant toutes les questions, car « si tout est possible, tout n’est pas pour autant permis ou souhaitable ». Comment concilier progrès technique, liberté de décision individuelle, impératifs moraux et contraintes collectives ? s’interroge le médiateur. La loi Leonetti « a le grand mérite de ne pas se laisser dicter une réponse par la pratique, le statu quo ou la technologie, de vouloir réguler par le droit et la conscience, de lier la décision à une concertation entre le patient, ses proches et le corps médical et non par un supposé accord tacite qui maintiendra les uns et les autres dans le doute voire la défiance. La science ne nous donnera jamais la réponse à la question du sens et de la finalité – notamment sur cette question première de la vie humaine. Elle élargit le champ des possibles : on peut vivre mieux et plus longtemps. Elle peut nourrir la réflexion à l’instar des religions, des idéologies, des philosophies, mais elle ne nous livrera jamais sur un plateau la solution miracle à cette double interrogation : pourquoi vivre ? et pour quoi faire ? Elle nous amène au contraire à chaque avancée technologique à nous poser à nouveau cette question et à penser la vie non seulement comme un fait biologique mais comme un acte libre et volontaire au quotidien. Ce questionnement spirituel a fondé l’homme dans son rapport au monde depuis l’origine ; je crains pourtant que nous ayons quelque peu perdu cela de vue ces dernières années », écrit Jean-Paul Delevoye.  « Nos systèmes économiques voient en l’homme un coût ou une plus value sur une ligne comptable. Nos systèmes politiques voient en chaque citoyen une voix à gagner ou un pourcentage de sondage. Les violences de nos sociétés dévaluent la notion d’intégrité physique. Je crois qu’aujourd’hui un certain nombre d’événements, par leur gravité ou leur récurrence, ont révélé ce malaise dans cette société qui a pu cultiver le mépris de la personne humaine. Je crois que l’homme se trouvera au centre de tous les débats à venir : sociaux, économiques, écologiques, scientifiques, évidemment éthiques. Il sera alors nécessaire d’y asseoir à nouveau la dignité de la personne et la sacralité de la vie». 

Médiateurs Actualités 2010 ; 60 :1-3. lagedor.fr, 26 octobre 2010.