« Le diagnostic est difficile »
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Ce sont les mots du Pr Jérémie Pariente, neurologue au CHU de Toulouse : « Un accident vasculaire cérébral est facile à diagnostiquer grâce à l’IRM (imagerie par résonance magnétique), la sclérose en plaques aussi, pas la maladie d’Alzheimer. Il y a dix ans, un neurologue américain, à San Francisco, a suivi cent patients en leur demandant de faire don de leur cerveau après leur mort. Il a confronté son impression clinique avec le diagnostic post-mortem, le seul capable de voir les lésions cérébrales causées par la maladie [plaques amyloïdes entre les neurones ; neurofibrilles de protéine tau phosphorylée à l’intérieur des neurones]. Il n’avait raison que dans 70% des cas. En 2014, l’une des meilleures études scientifiques au monde a montré, lors d’essais thérapeutiques pour l’utilisation de médicaments anti Alzheimer, que 30% des patients n’avaient pas la maladie. C’est déroutant pour nous, les centres experts. » Avons-nous avancé ? demande Emmanuelle Rey, de La Dépêche. « Oui, mais on dit toujours à un patient qu’il s’agit d’une suspicion d’Alzheimer. Le bilan se fait en hôpital de jour, avec une évaluation de la mémoire, du langage, une IRM cérébrale et une ponction lombaire qui dose les protéines amyloïdes, tau et phospho-tau. Avec ces outils, nous sommes à 95% dans le vrai. Le Tep scan (tomographie par émission de positons) pourrait être plus précis encore pour faire ressortir les plaques amyloïdes, mais il est cher et non remboursé ; la France est le seul pays en Europe à ne pas l’utiliser pour le diagnostic. Quels conseils donne le neurologue ? « Lorsque vous repérez des troubles de la mémoire (70% des cas), ou des troubles du comportement, des troubles visuels ou du langage, il faut consulter. »