Le cri
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Nous entendons à travers le cri de la personne atteinte de démence « un authentique discours de souffrance », écrit Pauline Deboves, doctorante en psychologie clinique au laboratoire d’anthropologie et de psychologie cognitive et sociale (LAPCOS) de la Maison des sciences de l’homme et de la société de Nice, qui réfléchit à la mise en place d’ateliers de musicothérapie sans paroles, avec des exercices d’improvisation mettant en jeu la voix, où le sujet produirait le son qu’il veut. Elle cherche « une nouvelle perspective pour atténuer les cris » et empêcher que la personne malade qui fait entendre ainsi sa voix ne perturbe le fonctionnement institutionnel. Selon elle, « la caractéristique majeure de l’involution constatée est la prévalence de l’affect, sa violence même puisqu’il est abandonné par le représentant qui lui est normalement associé. Il est désormais devenu impossible de dire quelque chose de l’affect provoqué par la perception, ni par les mots pour en avertir l’autre, ni même pour soi, car le représentant est inaccessible. Avec le cri, nous sommes dans cette logique de l’imaginaire, du primitif, où la dépendance à l’Autre serait absolue, où les espaces psychiques et physiques se veulent indifférenciés, dans un contexte où tout est ressenti sans pouvoir être élaboré. » Mais « il arrive que les cris ne cessent pas malgré l’intervention de l’Autre, ou malgré l’assouvissement d’un besoin. Dans le champ de la fin de vie, les cris incessants du sujet atteint de démence seraient-ils une muraille, une défense face à l’absence absolue de l’objet ? », s’interroge la psychanalyste.
Deboves P. Le cri dans la maladie d’Alzheimer à un stade sévère : vers une découverte du primitif. Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2015 ; 85 : 55-62. www.huffingtonpost.fr/2015/03/02/alzheimer-palilalie-troubles-paroles-chanter-video-ma-these-en-deux-minutes_n_6751506.html (vidéo), 2 mars 2015.