L’avenir de la régénération cérébrale, d’Alain Prochiantz
Société inclusive
Pour Dominique Lecourt, directeur général de l’Institut Diderot, fonds de dotation pour le développement de l’économie sociale créé par des assureurs mutualistes, « lorsqu’il s’agit du cerveau, chacun comprend qu’il en va de la représentation de soi-même et de son devenir », et il convient « d’aborder sans a priori moraux ou politiques les difficultés, les enjeux, les espoirs et les craintes que rencontrent et suscitent les applications de la science ». Pour le neurobiologiste Alain Prochiantz, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des sciences et du Centre for the study of bioscience, biomedicine, biotechnology and society de la London School of Economics, « l’arrière plan fixiste, physicaliste et mécaniciste a imprégné notre façon de comprendre le vivant au point que nous l’avons comme machinisé et sommes restés trop longtemps aveugles, sinon hostiles à certaines de ses propriétés, à vrai dire inquiétantes, surtout quand il s’agit du cerveau, qui aujourd’hui reviennent en force, parmi lesquelles son extraordinaire plasticité morphologique. La régénération qui se poursuit dans le silence de cet équilibre entre construction et destruction, morphogénèse silencieuse, ouvre sur une façon intéressante de penser la physiologie, de penser aussi les pathologies qui traduisent un déséquilibre dans ce double mouvement généralisé de mort et de création organique. C’est aussi une bonne façon de penser la médecine régénérative, comme façon non pas de s’opposer à la lente ou rapide dégradation d’un système mécanique, mais comme stratégie s’appuyant sur les capacités de réparation et de croissance des systèmes vivants ».
Institut Diderot. Prochiantz A. L’avenir de la régénération cérébrale. 16 mars 2010.